musée

La peinture volcanique de Reimpré

L'ŒIL

Le 1 juin 2001 - 233 mots

Il est difficile de dire l’éblouissement : ce qui brûle les yeux abolit la parole, ou tout au moins brouille la langue, la rend inapte à transcrire une telle expérience sensible. Ainsi la peinture de Thibaut de Reimpré offre-t-elle peu de prise au commentaire. L’artiste explore les voies ouvertes par l’abstraction lyrique, où beaucoup de peintres sombrent dans la facilité et où seuls réussissent ceux qui se révèlent capables d’habiter réellement l’espace informel, d’investir l’immense liberté qu’il autorise et de forger les moyens d’une maîtrise. Car l’enjeu est de laisser monter le bouillonnant chaos de la subjectivité, de capter ces forces à la fois vitales et dévastatrices, tout en leur imposant un ordre, vital lui aussi, mais qui soit le plus souple possible. Cet ordre s’affirme en particulier dans l’« armature » graphique du tableau, qui est tout sauf contraignante. Nerveuse, aléatoire, jamais définitive, cette « écriture » suscite des constellations de figures dansantes et fugitives, arrachées toute vives au chaos ou sur le point d’être happées. Chaque peinture de Thibaut de Reimpré, grande toileou plus modeste papier, offre ainsi l’image d’un instant d’équilibre construit à même le flux qui l’emporte. C’est sans doute cette tension, portée à incandescence, qui crée l’éblouissement.

- LE MANS, Musée de Tessé, 2, av. de Paderborn, tél. 02 43 47 38 51, 25 avril-1er juin et Collégiale Saint-Pierre la Cour, rue des Fossés St-Pierre, 25 avril-1er juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : La peinture volcanique de Reimpré

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