Toulouse (31)

La peinture carnavalesque de Peter Saul

Les Abattoirs - Jusqu’au 26 janvier 2020

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 29 octobre 2019 - 323 mots

La rétrospective Peter Saul aux Abattoirs de Toulouse est un événement puisqu’on n’avait pas vu en France une exposition de cette ampleur, consacrée à l’un des tout derniers contemporains du pop art (né en 1934 à San Francisco), depuis le panorama à peu près complet de son œuvre dévoilé en 1999 à l’abbaye Sainte-Croix des Sables-d’Olonne.

« Ne pas être choquant, c’est accepter d’être un meuble » : depuis la fin des années 1950, Peter Saul réalise une peinture cartoonesque extravagante, saturée de couleurs criardes, de distorsions d’échelle et de figures caricaturales, tirant à boulets rouges sur ce que l’Amérique compte de sacré : l’entertainment, la religion, la famille, la puissance financière, etc. Se déclinant par grandes thématiques (la guerre du Vietnam, les luttes pour les droits civiques, l’écologie, la malbouffe, la cigarette…), cette peinture de combat, portée par « une imagerie insensée ou stupide », a toujours été attentive au chaos du monde. Rassemblant un peu plus de 90 œuvres (peintures, arts graphiques, etc.), pour certaines inédites, ainsi qu’un ensemble d’archives documentaires, le parcours chronothématique, divisé en cinq sections distinctes, d’un « Pop US à Paris » des débuts au « More » d’aujourd’hui en passant par le « Funk », le « Bad painting » et « Le musée de Peter Saul », permet aux visiteurs de comprendre combien Saul, artiste au carrefour de divers mouvements artistiques (le pop, l’expressionnisme, le funk, le bad painting), est assurément l’un des peintres majeurs des XXe et XXIe siècles et l’un des plus influents sur la jeune scène artistique actuelle. À ce titre, la dernière salle, focalisant sur l’Amérique des présidents, de Ronald Reagan à Donald Trump, est fort éclairante : alors que sa peinture inclassable n’a pas toujours eu la visibilité historique qu’elle méritait dans son pays, elle connaît là-bas, depuis quelque temps, un regain d’intérêt inattendu grâce à des toiles mordantes sur le controversé Trump qui valent à l’artiste un succès inédit sur les réseaux sociaux. Peter Saul devient très tendance. Voilà une bonne nouvelle !

« Peter Saul, Pop, Funk, Bad Painting and More »,
Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, 76, allées Charles-de-Fitte, Toulouse (31), www.lesabattoirs.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°728 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : La peinture carnavalesque de Peter Saul

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