Biennale

BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN

La jeune sculpture se déploie à Saint-Paul

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 24 septembre 2021 - 464 mots

Pour la deuxième édition de la Biennale, une vingtaine d’œuvres prennent place dans l’espace public de manière sensible ou poétique.

Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes). Reportée d’un an à cause de la crise sanitaire, la deuxième Biennale de Saint-Paul-de-Vence réunit, sous le commissariat de la galeriste Catherine Issert, une vingtaine de jeunes artistes, confirmés et émergents, de diverses nationalités. Placées dans la cité, les sculptures et les installations cherchent à mettre en valeur la continuité de l’œuvre avec son environnement.

D’évidence, exposer des œuvres à l’air libre n’est pas une opération facile. Au-delà des critères esthétiques, les organisateurs sont dans l’obligation d’exclure toute sculpture de composition fragile ou en matière non résistante. Malgré cette contrainte, les travaux assemblés offrent une diversité de matériaux étonnante : aluminium, pierre, ciment, cuivre, bois…

À la pluralité des matières répond celle des formes. À Saint-Paul, pas de représentation du corps humain, mis à part dans le Mistral Boys (2021) de l’artiste allemand Stefan Rinck, une compilation de têtes évoquant les décors des chapiteaux d’églises romanes. Mais même ici le caractère anthropomorphique cède la place à l’aspect totémique. Ce rejet presque unanime de la figuration entraîne chez les artistes une réflexion plastique sur les structures élémentaires, primaires. Leurs œuvres, résolument non descriptives, développent une véritable calligraphie, simplifiée, à l’aide du fer et de l’acier, à partir de tubes, barres ou plaques. Des lignes de force et des plans découpent l’espace, délimitent les vides et mettent en valeur les qualités de la matière : Gonzalo Lebrija (Cubo Torcido, 2017), Quentin Lefranc (Action Office, 2021). Ajustées de façon précaire, les œuvres remettent en cause une vision traditionnelle de la sculpture fermée et ceinte par l’espace (Florian Pugnaire & David Raffini, Onde, 2017 ; Kokou Ferdinand Makouvia, Akossiwa, le temps d’une routine, 2017).

Toute réflexion sur l’espace ne peut rester indifférente au temps. Ainsi, L’Autre (2017), de Linda Sanchez, se présente comme un monument brisé, composé d’une dizaine de colonnes tronquées, debout ou posées sur le sol. Ce vestige dont on ne connaît pas les origines est-il la métaphore nostalgique d’un passé légendaire ou se réfère-t-il à des architectures anéanties plus récemment ?

Ailleurs, Omphalos (2020), de Juliette Minchin, est une construction ouverte en acier, recouverte de lambeaux de cire chauds et malléables, des coulées qui pendent et s’affaissent. En laissant la matière s’exprimer, cette œuvre en devenir est en même temps une œuvre en perdition. Une autre sculpture organique, La Nébuleuse des dryades, (2021, (voir ill.]), de Charles Le Hyaric, nichée au creux des arbres, est décrite par l’artiste comme « un univers biologique, cellulaire, rendu possible grâce à la lumière ondulante qui traverse le feuillage des arbres ». Face à cette œuvre d’une grande poésie, le spectateur se dit que créer une sculpture peut être un geste végétal qui révèle l’image latente de la nature.

Biennale internationale de Saint-Paul-de-Vence (BIS),
jusqu’au 2 octobre, 06570 Saint-Paul-de-Vence, www.bis-art.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : La jeune sculpture se déploie à Saint-Paul

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