PARIS
Paris. Il n’est pas facile de mettre en scène pour le grand public une exposition historique et documentaire.
Le Musée de l’armée y parvient avec les honneurs dans son récit des événements complexes qui suivent l’armistice de 1918. Car la Grande Guerre ne se termine pas le 11 novembre comme on le pense trop souvent. À l’Est et au Moyen-Orient, la dislocation des empires et la révolution bolchevique attisent d’innombrables conflits.
Le découpage géographique s’impose naturellement pour rendre lisible des conflits qui mettent en cause pas moins de vingt-cinq pays. Après deux sections introductives sur l’éclatement des empires et la préparation des divers traités, le parcours s’organise autour de trois ensembles géopolitiques. La configuration des salles – deux grands espaces oblongs séparés par l’accueil – n’est pas confortable. Si la linéarité facilite la lecture de l’exposition, elle crée une forme de répétition qui peut s’avérer lassante. Fort heureusement, la diversité des documents exposés (panneaux de salles bilingues, cartes, animations visuelles, images d’archives, affiches de propagande et bien sûr uniformes militaires) capte l’attention. Si on s’intéresse un peu à l’histoire, on peut rester des heures devant chaque témoignage de cette « guerre sans fin ». Pour ceux-là, la lecture du catalogue est vivement recommandée.
La « trouvaille » de la scénographie réside dans l’utilisation de caisses en bois et de grillages métalliques censés évoquer le monde des archives. Ils confèrent à l’exposition une ambiance intime, rompant avec la minéralité des salles d’exposition permanente. Une forme d’humanisation qui rappelle que la guerre, ce sont d’abord des drames humains.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°514 du 4 janvier 2019, avec le titre suivant : La « Guerre de 1918-1923 », une habile scénographie