La fabuleuse histoire du kimono

Le kimono, puisque c’est de lui dont il s’agit, fait encore aujourd’hui parler de lui dans le monde de la haute couture, et les pop-stars, de David Bowie à Björk, en ont raffolé. Symbole du Japon au même titre que le mont Fuji et les fleurs de cerisier, ce vêtement est-il aussi intemporel qu’on le croit souvent ? Cette exposition conçue par le Victoria and Albert Museum et présentée à Zurich démonte les idées reçues, en s’appuyant sur une rigoureuse étude stylistique et chronologique. On la parcourt aussi de manière ludique en écoutant de courtes saynettes audio proposées à l’écoute dans 16 stations. Les vitrines où sont exposés 180 exemplaires de kimonos féminins, masculins et enfantins, aussi variés en couleurs qu’en qualités de tissus et de motifs, alternent avec de multiples estampes et peintures de l’école japonaise des périodes Edo et Meiji (scènes de rue, de maisons closes et de magasins, portraits d’acteurs de kabuki et de courtisanes) et, partout, des kimonos. En entrant dans l’histoire de ce vêtement unique japonais, inspiré de la Chine voisine et qui connaît un essor sans précédent au début de la période Edo (XVIIe siècle), se dessinent les subtilités et les variations d’un habit qui ne connaîtra son déclin que tardivement, au tournant du XXe siècle, lors de l’occidentalisation à marche forcée de l’île. Le kimono s’est entre-temps exporté en Europe, où il est devenu vêtement d’intérieur des artistes et d’une classe aisée et oisive en quête d’exotisme, puis source d’inspiration pour des créateurs de mode dans les années 1920-1930, comme Paul Poiret. Après une période de purgatoire dans son pays natal, il ne retrouvera son heure de gloire qu’après la Seconde Guerre mondiale quand il sera intronisé « trésor national ».