Vaduz

La collection italienne des princes du Liechtenstein

Une sélection de la superbe collection princière, composée de plus de 1 000 tableaux et 500 sculptures

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1994 - 563 mots

Au pied du château fortifié, la Staatliche Sammlung, qui abrite la collection privée des princes du Liechtenstein, exposera pendant trois ans quarante peintures et vingt sculptures appartenant au domaine italien de cet ensemble, sous le titre Cinq siècles d’art italien dans les collections du prince du Liechtenstein.

VADUZ - La famille régnante de cette seigneurie érigée en principauté affirme sa puissance après la guerre de Trente Ans, en compagnie d’autres dynasties sous influence germanique. À la fin du XVIe  siècle et au début du XVIIe , les princes deviennent à Vienne d’importants mécènes pour les artistes italiens, au même titre que d’autres grandes familles, les Schönborn à Pommersfelden, les Wittelsbach à Munich en Bavière, ou les ducs de Saxe à Dresde. De nombreux peintres de la Péninsule partent exécuter des commandes de l’autre côté des Alpes : les Vénitiens Pietro Liberi, Antonio Balestra, Gregorio Lazzarini, Antonio Bellucci ; les Bolonais Guido Cagnacci, Carlo Cignani, Marcantonio Franceschini ; les Romains Carlo Maratta, Benedetto Luti, Francesco Trevisani ; les Napolitains Luca Giordano et Francesco Solimena ; les Lombards Carlone et Paolo Pagani. Tiepolo leur succèdera quelques décennies plus tard, à Würzburg.

Un panorama artistique de l’art italien
Si l’exposition n’a pas l’ampleur de celle présentée par le Metropolitan de New York en 1985, elle propose cependant un parcours intéressant de cinq siècles, qui débute avec une des premières œuvres de l’école de Rimini, évocatrice du style de Giotto, signée Giovanni Baronzio et datée de la fin du XIVe . La sélection de tableaux suggère des thèmes de réflexion et pose un certain nombre de questions. Quelle signature pourrait se substituer à celle de Raphaël pour le portrait intense présenté à New York en 1985, et dont l’attribution a suscité tant de discussions ? Les deux tableaux de Franciabigio, suspendus entre l’adhésion au style de Raphaël et une réécriture expérimentale du langage d’André del Sarte, n’ouvrent-ils pas des perspectives étonnantes ? Et l’attribution d’une merveilleuse peinture de Piero di Cosimo à Gaudenzio Ferrari, soutenue au siècle dernier par Waagen et qui peut aujourd’hui nous paraître absurde, ne souligne-t-elle pas les curieuses résonnances de l’œuvre du maître avec la culture lombarde, résonnances particulièrement présentes dans le groupe central de La Vierge à l’enfant qui rappelle les travaux contemporains de Zenale et Boltraffio ?

Le parcours peinture se clôt sur des chefs-d’œuvre qui évoquent les expériences picturales les plus nouvelles du XVIIIe  siècle italien: l’Enlèvement des Sabines et La Bataille des Romains contre les Sabins, de Sebastiano Ricci, annoncent Tiepolo, tandis que le Hercule à la croisée des chemins et Vénus remettant à Enée les armes de Vulcain, deux tableaux de Pompeo Batoni datés de 1748, anticipent sur l’atmosphère du néoclassicisme.

Les sculptures, des plus anciennes exécutées par Giovanni Francesco Susini ou François Duquesnois, aux plus récentes dues à Massimiliano Soldani Benzi et Filippo Parodi, souffrent hélas d’un éclairage direct et souvent mal réparti : les bronzes, qui constituent la majorité des pièces exposées, tendent ainsi à renvoyer la lumière comme des miroirs ou à disparaître dans l’ombre.

Parmi les œuvres les plus significatives, signalons le buste de jeune homme de Pier Jacopo Bonacolsi, exécuté pendant le séjour de l’artiste à la cour des Gonzague, à Mantoue, précieux témoignage de la veine classique de son auteur et de ses illustres mécènes.

Vaduz, Staatliche Sammlung, "Cinq siècles d’art italien dans les collections du prince du Liechtenstein", jusqu’en avril 1997.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°4 du 1 juin 1994, avec le titre suivant : La collection italienne des princes du Liechtenstein

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