L’exposition « Albert Oehlen », à la Serpentine Gallery, traverse l’œuvre de l’artiste allemand, disciple de Sigmar Polke, des années 1980 à aujourd’hui.
L’artiste se réfère toujours à l’histoire de l’art, et cette exposition ne déroge pas à la règle puisqu’elle tourne autour de deux de ses sources d’inspiration. D’un côté, l’artiste de la figuration moderne, quelque peu oublié, John Graham (1886-1961), et de l’autre, le peintre de l’expressionnisme abstrait, Mark Rothko (1903-1970). Bien qu’il ne s’agisse pas d’une rétrospective, les toiles accrochées sont caractéristiques de l’œuvre et de l’évolution de l’Allemand puisqu’elles mélangent les codes de la figuration et de l’abstraction. Dans cet ancien pavillon de thé classé monument historique, le clou de l’exposition est sans aucun doute les quatre œuvres très grand format de la salle centrale. Ici, Albert Oehlen revisite la chapelle Rothko installée à Houston aux États-Unis. Si Rothko cherchait la méditation par la contemplation, Oehlen l’explore avec un processus plus violent. En fond sonore, à la manière des surréalistes et du jazz, source majeure d’influence de l’artiste, on entend par intermittence le groupe suisse hardcore Steamboat Switzerland, complétant ainsi l’effet immersif procuré par la taille et la luminosité naturelle de l’espace. Dans les autres salles, on découvre une série de toiles sous le titre de John Graham, référence au peintre américain d’origine ukrainienne qui influença notamment Willem de Kooning et Jackson Pollock.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : La chapelle sonore d’Albert Oehlen
