La beauté intérieure

Didier Marcel, de la Bretagne aux Pyrénées

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 27 août 1999 - 435 mots

Après la Villa Arson, à Nice, et le Centre d’art contemporain de Vassivière-en-Limousin, et avant de participer à l’exposition « Propice » à l’Espace Ricard, à Paris, du 9 au 30 septembre, Didier Marcel expose à Saint-Gaudens et à Bignan. L’artiste y pose avec acuité la question du rapport de sa sculpture à l’environnement.

BIGNAN - Didier Marcel a le sens de la mesure. Ses deux expositions actuelles – au Centre d’art contemporain du Domaine de Kerguéhennec, en Bretagne, et à la chapelle Saint-Jacques de Saint-Gaudens, en Midi-Pyrénées – mettent en lumière une même approche, d’une grande subtilité, dans la mise en espace de ses créations, même si l’artiste a été confronté à des lieux que tout sépare. Dans les anciennes bergerie et écurie bretonnes, comme dans l’église baroque pyrénéenne aujourd’hui désaffectée, il a su dégager des espaces dans lesquels ses œuvres donnent toute leur mesure.
Recouvrant chaque fois le sol de moquette, Didier Marcel a conçu des salles intimes, délimitées dans la chapelle saint-gaudinoise par de grands voiles, ou cabinets épousant l’architecture de la bergerie à Kerguéhennec. Ici, l’espace public devient privé, et, à pas feutrés sur la moquette, fort est le sentiment de se trouver dans quelque salon, chez un collectionneur sensible aux rapports qu’entretiennent les œuvres avec leur environnement et prêt à s’éclipser pour les laisser seules habiter l’espace. Pourtant, même si l’accroche est soigné, il évite avec bonheur une affectation ou une préciosité déplacées en restant toujours dans une juste mesure.

S’il fallait qualifier Didier Marcel avec des mots d’autrefois, comme on parlait de peintres ou de graveurs, peut-être choisirait-on pour lui le terme de sculpteur. Certes, il expose des œuvres en trois dimensions – objets en plâtre souvent d’inspiration architecturale, boîte à chaussures sous Plexiglas, tables... –, et ses dessins et croquis mettent en exergue des recherches sur les volumes. Peu tributaire d’une basique interprétation formaliste, cette qualification de sculpteur ne résulte pas seulement de la spécificité des œuvres en tant qu’objet, mais du caractère conceptuel de son travail. L’artiste mène en effet une réflexion sur le rapport de la sculpture avec l’espace, qui est ici remodelé. Cependant, loin de tout ésotérisme, Didier Marcel puise dans le quotidien son répertoire de formes, de l’aspirateur à la commode. Ce jeu sur la réalité renverse ainsi la question même du rapport à l’environnement, qui devient un espace sur mesure.

DIDIER MARCEL

Jusqu’au 12 septembre, Domaine de Kerguéhennec, 56500 Bignan, tél. 02 97 60 44 44, tlj sauf lundi 10h-18h ; jusqu’au 3 octobre, chapelle Saint-Jacques, avenue du Maréchal Foch, 31800 Saint-Gaudens, tél. 05 62 00 15 93, tlj sauf lundi et mardi, 15h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°87 du 27 août 1999, avec le titre suivant : La beauté intérieure

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