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ART CONTEMPORAIN

La Aïshti Foundation entre au palais

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2024 - 518 mots

Au Palazzo Barberini, un pêle-mêle d’œuvres d’art américain est mis en regard avec les collections Renaissance.

Rome. À Beyrouth, la Aïshti Foundation créée par Tony Salamé dispose depuis 2015 d’un espace dans un complexe commercial de luxe signé de l’architecte David Adjaye. Mais le collectionneur cherchait un musée européen où présenter une partie de ses œuvres. Sur une proposition de Massimiliano Gioni (directeur artistique du New Museum à New York), qui collabore depuis plusieurs années avec la fondation Aïshti, et parce que Tony Salamé a un tropisme italien, le projet s’est concrétisé au palais Barberini, à Rome. L’ancienne directrice de la Galerie nationale d’art ancien Barberini-Corsini, Flaminia Gennari Santori, a participé à sa mise en route et, avec Massimiliano Gioni, à l’accrochage des 150 œuvres de « Day for Night. New American Realism ».

L’idée est de suggérer des correspondances entre les grands peintres de la Renaissance présents dans les collections du palais Barberini et un panorama de l’art étatsunien de ces trois dernières décennies. À un rapprochement direct entre les œuvres a été préféré une circulation libre d’une aile à l’autre du splendide bâtiment baroque, témoin de l’appétit insatiable des Barberini (neveux du pape Urbain VIII) pour l’art de leur temps. Deux collections en regard, donc, et deux époques. D’un côté, quelques-uns des chefs-d’œuvre de la Renaissance : un Caravage (le second est actuellement prêté au Centre Pompidou-Metz pour l’exposition « Lacan »), La Fornarina de Raphaël, le Portrait d’Henri VIII par Hans Holbein… Dans l’autre aile, réparti sur trois niveaux, l’accrochage des tableaux et des sculptures choisis dans la collection de Tony et Elham Salamé.

Une salle sur le mode du cabinet de curiosités

L’entrée en matière est percutante : passé, dès la première salle, une poubelle ready-made de Klara Liden (Untitled, [Trash can], 2011) surmontée d’un néon « America » (Glenn Ligon, The Period, 2005), le canon d’un revolver est pointé sur le visiteur par Nicole Eisenman (Shooter 1, 2016). Dans cette même salle, une grande toile de Dana Schutz, à laquelle le Musée d’art moderne de la Ville de Paris a récemment consacré une exposition, passe un peu inaperçue. Suivent une série de portraits, réalisés par Nicolas Party ou Karen Kilimnick, parmi les rares petits formats. Dans la quatrième salle, Tony Salamé signale une toile de Katja Seib acquise deux ans auparavant « sur [s]on téléphone » et qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de voir de près. La gourmandise du collectionneur se retrouve dans l’accrochage, dense, mais dépourvu de direction particulière. Au deuxième étage, les commissaires en ont même fait un jeu, tapissant les hauts murs de la Sala dei Marmi de peintures accrochées côte à côte, à la manière d’un cabinet de curiosités contemporain [voir illustration].

On recense au fil de l’exposition les noms de la plupart des artistes afro-américains cotés, d’Arthur Jafa à Kehinde Wiley ou Henry Taylor. De même peut-on constater que la fondation Aïshti comporte un nombre important d’œuvres de Richard Prince, et pour chaque artiste, de plusieurs toiles, permettant d’avoir une compréhension de leur travail, assure Tony Salamé. Le parcours s’aventure jusque dans les appartements rococo du dernier étage, rarement ouverts au public, il faut en profiter.

Day for Night. New American Realism, œuvres de la collection Tony et Elham Salamé,
jusqu’au 14 juillet, Aïshti Foundation, Palazzo Barberini, via delle Quattro Fontane, 13, Rome.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : La Aïshti Foundation entre au palais

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