Kalvar, l’instant où tout bascule

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 26 juillet 2007 - 275 mots

Il a adopté la France au début des années 1970. Alors tout jeune photographe, l’Américain Richard Kalvar s’installe à Paris et participe même à l’écriture de l’histoire de la photographie dans l’Hexagone en intégrant dans un premier temps l’agence Vu, puis en participant à la création de l’agence Viva en 1972, avant d’intégrer Magnum en 1975. Pour ne plus les quitter.
Aujourd’hui, à soixante-deux ans et pour une des premières fois dans son pays d’adoption, il se retourne sur quatre décennies de clichés en noir et blanc, soit quatre-vingt-dix images atemporelles exposées sans contrainte chronologique. Au fil de ces photographies de la vie urbaine, on découvre le moment où elle dérape, où l’œil de Kalvar vient attraper au vol une situation incongrue. Et l’œil est vif. Très gonflé aussi, car son objectif, un 35 mm, l’oblige à s’approcher au plus près de ses sujets.
Il capture ainsi en 1979 un superbe duo de deux Belges, moustachus et affublés de costumes de fleurs dont les pétales soulignent la bonhomie. L’ironie se mêle délicatement à la naïveté d’autant plus que Kalvar se borne à donner la date et le lieu. La raison de cette situation savoureuse ? Nul ne le saura. Reste à se plonger dans ces balades, des États-Unis au Japon, de l’Italie à la France, au cours desquelles le réel finit toujours par dériver vers le bizarre. Les cadrages, la proximité ajoutent aux mystères épais de certaines des images choisies par Kalvar selon un seul critère, imparable : parce qu’il les aime.

« Richard Kalvar, Terriens », Maison européenne de la photographie, 5-7, rue de Fourcy, Paris IVe, tél. 01 44 78 75 00, www.mep-fr.org, jusqu’au 3 juin 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : Kalvar, l’instant où tout bascule

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