Juan Gris donne des couleurs au Cubisme

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 11 septembre 1998 - 460 mots

Juan Gris a toujours souffert de l’ombre de Pablo Picasso et de Georges Braque. Pourtant, il a certainement approfondi l’expérience esthétique cubiste plus qu’aucun autre, poursuivant ses recherches longtemps après la grande époque du mouvement, et jusqu’à la fin – prématurée – de sa vie en 1927. Le Musée Cantini, à Marseille, lui consacre sa première grande exposition depuis vingt-cinq ans.

MARSEILLE - Juan Gris fait partie de ces peintres qui, très tôt, ont eu la vocation d’“entrer dans les arts”. Guidé par le désir de ses parents, le jeune Juan suit les cours de l’Escuala de Artes y Manufacturas de Madrid, sa ville natale, dès 1902. Il a alors quinze ans. Après s’être tourné vers l’Art nouveau, considéré à l’époque comme un style avant-gardiste, il décide de franchir le pas et de rejoindre la capitale de l’Art moderne, Paris. Sur place, la renommée de Picasso va grandissant, et Gris devient vite son voisin au Bateau-Lavoir. Se retrouvant sans le sou après son voyage, il doit, pour vivre, vendre ses caricatures à divers journaux, dont l’Assiette au beurre, le Cri de Paris et Charivari. Ce n’est que cinq plus tard, à partir de 1911, qu’il pourra enfin se consacrer entièrement à son art. Il se lance, aux côtés de Braque et de Picasso, dans l’aventure cubiste, même s’il lui faudra encore un an pour assimiler complètement les audaces de ses deux aînés. Juan Gris applique le principe des multiples points de vue, tout en s’attachant à la cohérence de chacun des éléments représentés. À la fin de 1912, il franchit un nouveau pas en incorporant à ses compositions des matières telles que miroir, tapisserie, marbre, bois, qu’il colle à même la toile. Le peintre reste fidèle à l’emploi de couleurs vives contrastant fortement entres elles, à l’heure même où Picasso et Braque noient leurs œuvres dans une unité tonale de camaïeux de gris ou d’ocres. L’association de teintes prononcées s’accentue encore chez Juan Gris à partir des années 1921-1923. Au sommet de son art au milieu des années vingt, ses toiles sont empreintes d’un grand équilibre, des compositions qui comptent parmi les chefs-d’œuvre de la peinture cubiste, à l’image du Tapis bleu (1925) présenté à Marseille.

Cette exposition, la première depuis celle de l’Orangerie des Tuileries en 1974, réunit quelque quatre-vingt-dix peintures, mais aussi des dessins et un bel ensemble de documents sur sa vie et son œuvre. Le catalogue comprend notamment le premier texte – inédit en français – écrit sur l’œuvre de Juan Gris par son marchand, D.H. Kahnweiler, en 1929.

JUAN GRIS, PEINTURES ET DESSINS, 1887-1927

17 septembre-3 janvier, Musée Cantini, 19 rue de Grignan, 13006 Marseille, tél. 04 91 54 77 75, tlj sauf lundi 11h-18h, à partir du 1er octobre, 10h-17h. Catalogue, 192 p., 195 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°66 du 11 septembre 1998, avec le titre suivant : Juan Gris donne des couleurs au Cubisme

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