Calais (62), Roubaix (59), Villeneuve-d’Ascq (59)

Jean Roulland un Prométhée discret

Musée des beaux-arts,La Piscine et LaM Diverses dates

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 25 juin 2013 - 387 mots

Il est du genre discret. De ceux qui ne clament ni ne réclament. Avec ce regard que l’on dirait absent s’il n’était pas, au contraire, parfaitement présent.

Il est du genre discret. De ceux qui ne clament ni ne réclament. Avec ce regard que l’on dirait absent s’il n’était pas, au contraire, parfaitement présent. Une présence non pas frontale mais périphérique, attentive aux interstices, aux marges et aux nuances. Du haut de ses 82 ans, le sculpteur Jean Roulland jouit désormais d’une considération souveraine. Pour preuve, les hommages que lui rendent conjointement de nombreuses institutions de la région Nord-Pas-de-Calais, histoire de célébrer ce compatriote de l’ombre, cet anatomiste des passions.
Né à Croix en 1931, Jean Roulland le Discret est moins connu que certains compagnons de cordée septentrionaux, ainsi les deux Eugène – Leroy et Dodeigne –, membres comme lui du Groupe de Roubaix, ce faisceau artistique informel que promurent des entrepreneurs fortunés, improvisés collectionneurs. À l’heure où la région était un baromètre de l’art contemporain, loin des oscillations déréglées et névrotiques de la capitale.
L’œuvre de Roulland, dont la présentation est tristement cantonnée aux pôles nordistes, procède d’une force et d’une cohérence admirables. Aussi, en redéployant leurs collections ou en exposant leurs fonds respectifs, le Musée des beaux-arts de Calais, La Piscine de Roubaix et le LaM de Villeneuve-d’Ascq donnent à voir ce que l’artiste emprunta à Germaine Richier et à Alberto Giacometti : des formes altérées, volontiers acérées, à la première et une quête de l’irréductibilité au second.
Or, Roulland le sait mieux que quiconque : emprunt n’est pas contrefaçon. À cet égard, d’huile ou d’airain, ses recherches sur la barbarie mutilante (Guerre à la guerre, 1968) ou la claustration douloureuses (Vieille Femme, 1952) peuvent évidemment évoquer Jacob Epstein et Jean Fautrier, elles n’en demeurent pas moins parfaitement originales, spécifiques et singulières. Et comment ne pas chavirer devant ces méditations écorchées, ces menaces figurales, quand le corps gémit et que l’âme saigne ?

Expositions

« Jean Roulland », Musée des beaux-arts, 25, rue Richelieu, Calais (62), jusqu’au 5 janvier 2014, www.musee.calais.fr

« Les Jean Roulland de La Piscine », La Piscine, 23, rue de l’Espérance, Roubaix (59), du 29 juin au 15 septembre 2013, www.roubaix-lapiscine.com 

Nouvel accrochage des collections du LaM, 1, allée du Musée, Villeneuve-d’Ascq (59), du 28 septembre 2013 au 12 janvier 2014, www.musee-lam.fr.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Jean Roulland un Prométhée discret

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