Jean-François Barielle, directeur du Département beaux livres et livres d’art chez Flammarion

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 3 janvier 1998 - 483 mots

Comment voyez-vous l’année 1998 ? Quelles sont vos attentes, vos souhaits ?
C’est plus du côté du public que du côté des éditeurs, me semble-t-il, que la chose doit se passer, parce que j’ai l’impression que les éditeurs ont fait beaucoup d’efforts du point de vue de la qualité de l’offre, du juste prix et du sérieux de la programmation. C’est du côté du public que nous sentons des bouleversements intenses d’ordre culturel. Pour ce qui est du livre, on note un déplacement de l’intérêt du public vers le livre d’évasion et de voyage, vers l’ailleurs. Il y a un intérêt croissant pour les pays non européens, pour l’Orient et l’Asie. Voyez le succès des expositions et des ouvrages sur l’art africain. On note une curiosité renouvelée de ce côté-là, et peut-être un moindre intérêt vis-à-vis de notre art à nous.

Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Peut-être par une saturation d’événements culturels, d’expositions. Quelle ville n’a pas son musée, son exposition ? Quel département n’a pas son festival ?

L’augmentation des ventes passe-t-elle obligatoirement par une baisse du prix des livres d’art et des coûts de fabrication ?
Depuis cinq ans, chaque année, on a l’impression qu’il faudrait encore et toujours baisser les prix. C’est un phénomène général à la librairie. Mais en même temps, il y a un type de livre d’art traditionnel, assimilé au beau livre, dont on ne peut baisser le prix sous peine de sacrifier sa qualité, l’intérêt de la documentation, la fidélité de la reproduction et le sérieux du texte. Ceux-là vont rester, mais leurs tirages ont considérablement baissé. Cela devient de l’artisanat de luxe. Ces ouvrages-là – monographies, etc. – ne peuvent pas évoluer. À côté, depuis plusieurs années, il y a toute une ligne d’ouvrages para-universitaires, parascolaires vendus à petit prix. Ce sont des collections  de poche, comme notre série "Art" ou "Champs" – pour les textes de recherche – ou souples, comme notre collection "Tout l’art" qui est à destination d’un public qui veut s’informer, un public peut-être un peu plus jeune. Je ne pense pas que le public achète quatre monographies par an, ni trois. Maximum deux. Les outils qu’il faut forger, ce sont des livres de références à caractère encyclopédique à meilleur prix. Car, en fait, les gens ont besoin de bases, d’ouvrages ou de manuels de consultation pour se retrouver. Tout ce que nous avons fait dans ce domaine, en matière de guides iconographiques – on commence aussi des chronologies critiques –, tout cela a toujours répondu à l’attente du public. C’est aussi le cas de notre  série "Contrastes", qui n’exclut ni l’histoire, ni l’économie, ni la sociologie. Cette démarche répond également à une attente. Ces livres sont déjà souvent utilisés par les professeurs d’histoire. Il y a un certain nombre de frontières entre les disciplines qui s’estompent aujourd’hui. Le livre d’art doit pouvoir en profiter pour rester en phase avec tous les publics.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : Jean-François Barielle, directeur du Département beaux livres et livres d’art chez Flammarion

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