Jean-Francis Auburtin

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 1 décembre 2006 - 334 mots

« Je dois avouer que je ne connaissais pas bien l’intégralité de l’œuvre de Jean-Francis Auburtin » reconnaît Jean-Pierre Mélot, conservateur-adjoint au musée Malraux du Havre. 

Principalement connu comme décorateur d’édifices publics (notamment la Sorbonne), célébré de son vivant comme un héritier de Puvis de Chavannes, Jean-Francis Auburtin (1866-1930), originaire de Lorraine, est méconnu en tant que peintre de chevalet. Pourtant, dans cette impressionnante collection issue de mains privées (quatre-vingts tableaux sont présentés), les nombreuses représentations de paysages, au croisement de plusieurs influences, témoignent du grand talent de cet artiste. « Sa contribution est pertinente car il nous permet de nuancer notre point de vue sur cette période qui oscille entre le tout-lumière des impressionnistes et le tout-couleur des fauves. Il vient occuper une place entre les impressionnistes, les nabis et les symbolistes », ajoute le commissaire. Excellant dans l’usage de la gouache et du fusain, le peintre se laisse séduire par les paysages de la Normandie, notamment ceux de Varengeville où il vécut les trente dernières années de sa vie, là même où Isabey, Monet, Pissarro ou Vallotton posèrent aussi leur chevalet.

D’abord influencé par les symbolistes, puis par les nabis, le peintre est aussi attiré par les estampes japonaises, comme le montre toute sa série sur les falaises d’Étretat. En 1904, l’œuvre de l’artiste va à nouveau évoluer lorsqu’il rencontre l’esthète Guillaume Mallet, fondateur du Bois des Moutiers, l’un des plus beaux jardins de France.

À son contact, son approche de la nature va changer, devenir plus intellectualisée et plus spirituelle. Jean-Francis Auburtin s’éloigne alors du synthétisme japonisant, allonge ses formats, nuance ses couleurs, utilise à nouveau certains principes simplificateurs de la peinture murale, comme dans les Falaises de Dieppe. C’est à ce moment que l’artiste se libère de toute influence, s’imprègne plus que jamais de ses paysages et leur donne une dimension lyrique et poétique.

« Jean-Francis Auburtin, les variations normandes », musée Malraux, 2, boulevard Clémenceau, Le Havre (76), tél. 02 35 19 62 62, http://musee-malraux.ville-lehavre.fr, jusqu’au 28 janvier 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°586 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Jean-Francis Auburtin

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