Galerie

Jean Fournier, portrait d’un « flaireur d’art »

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 août 2007 - 369 mots

Double actualité au musée Fabre, tricotée en une seule : après quatre années de toilettage et de belle restructuration, c’est au galeriste Jean Fournier disparu en 2006 d’inaugurer les nouveaux espaces avec une copieuse exposition.

Pionnier, passeur, résistant, celui qui se préférait marchand plutôt que galeriste, compta parmi les héros de l’art abstrait. Il en défendit la progression, la domination, les réminiscences, se refusant à toute embardée hors de ces sentiers picturaux auxquels il vouera son flair, ses convictions esthétiques et sa galerie soixante ans durant.
L’exposition qui lui est consacrée sonne comme un juste retour des choses ; la nouvelle aile contemporaine du musée s’offre largement aux abstractions picturales dont Fournier s’était fait le champion. En témoignent le pavement zébré de granit et de marbre signé Buren en guise de préambule, l’exceptionnelle donation faite par Soulages, la salle consacrée à Simon Hantaï ou les espaces ouverts au mouvement support-surface que le galeriste contribua largement à faire connaître.

L’histoire commence dans une petite librairie au sortir de la guerre. Le jeune Fournier, alors libraire, y expose Joseph Sima. Le bouche à oreille se charge de faire venir quelques curieux et jeunes
artistes aux prises avec une abstraction vigoureusement expressive. Bientôt, c’est au tour de Degottex, Riopelle ou Hantaï d’accrocher leurs toiles. Fin de la librairie. Naissance de la galerie. Elle sera le lieu d’un dialogue ininterrompu entre langages picturaux d’obédiences voisines. Joan Mitchell, Sam Francis, James Bishop aussi bien que Claude Viallat, suivis de Dezeuze ou de Pierre Buraglio, y accrocheront leurs peintures.

Son idée de l’exposition : une pleine confiance accordée aux toiles sans autre forme de mise en scène, d’encadrement ou de commentaire. Son idée de l’acheteur : convaincu ou à convaincre et, quoi qu’il en soit, méritant. Son idée de la peinture : une pratique autosuffisante, un jaillissement spontané, vibrant, physique de la couleur et de sa puissance expressive. Ce qui n’empêchera pas Fournier d’accueillir un temps Buren et Parmentier. L’exposition dit tout cela, révèle quelques filiations et convergences et pointe largement la perméabilité repérée entre abstractions d’un côté et de l’autre de l’Atlantique.

« Hommage à Jean Fournier », musée Fabre, 38, bd Bonne-Nouvelle, Montpellier (34), tél. 04 67 14 83 00, jusqu’au 6 mai 2007.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : Jean Fournier

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