Art ancien

Jean Bardin refait surface à Orléans

Musée des beaux-arts, Orléans (45) – Jusqu’au 30 avril 2023

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 27 mars 2023 - 328 mots

Redécouverte -  Il y une multitude de facteurs qui déterminent le succès, à commencer par la chance.

Ainsi, si certains bénéficient d’un insolent alignement des planètes, d’autres semblent nés sous une mauvaise étoile. Force est de constater que le sort s’est un peu acharné contre Jean Bardin, expliquant la méconnaissance de son travail et même son invisibilisation. Ses débuts étaient pourtant prometteurs, puisqu’il se forma auprès des stars de l’époque, Pierre et Lagrenée. Première fausse note en 1764, il arrive, fait rarissime, premier ex-aequo au prix de Rome. Il est donc obligé de repasser l’examen l’année suivante, s’y attelle et décroche le Graal des jeunes artistes. Nouvel accroc : contrairement aux usages, le tableau médaillé – et très remarqué – disparaît ! La grande composition de Tullie a ainsi longtemps été oubliée dans le Musée de Mayence. Las, ce n’est que le premier d’une longue liste de tableaux qui seront victimes de l’oubli. À la même époque, il est pris sous son aile par le mécène le plus convoité du moment : le comte d’Artois. Le frère de Louis XVI lui confie ainsi de prestigieuses commandes religieuses. Mais, là encore, le timing n’est pas des plus heureux, car les tableaux d’églises réalisés juste avant la Révolution ont rarement connu un destin enviable. Désattribués, mal conservés et exposés dans de mauvaises conditions, les retables de Bardin, nettoyés et restaurés, sortent enfin du purgatoire grâce à sa première exposition monographique. Tout comme le projet de sa vie : Les Sept Sacrements, qui, au terme d’une histoire rocambolesque, a terminé son parcours dans un monastère espagnol pratiquement laissé à l’abandon. Le cycle monumental au destin chaotique se dévoile pour la première fois en France, brossant le portrait d’un peintre ambitieux mais inégal. Ses dessins, en revanche, révèlent un artiste d’une rare dextérité, collectionné par les plus grands amateurs de son époque. Les feuilles achetées par les fondateurs de l’Albertina sont d’ailleurs de pures merveilles et l’une des rares success story de Bardin.

« Jean Bardin (1732-1809), le feu sacré »,
Musée des beaux-arts, place Sainte-Croix, Orléans (45), www.orleans-metropole.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Jean Bardin refait surface à Orléans

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