Photographie

Jane Birkin : « Quand je regarde ces photos de Serge, je comprends pourquoi il est irrésistible »

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 2 avril 2018 - 673 mots

PARIS

Jane et Andrew Birkin commentent pour Le Journal des Arts les photos familiales prises par Andrew, bientôt exposées à Calais.

 Serge et Nana - 1977
Serge et Nana - 1977
© Andrew Birkin

Le musée des Beaux-Arts de Calais expose à partir du 7 avril les photographies de famille réalisées dans les années 1960-70 par le frère de l’actrice et chanteuse et publiées en 2013 chez Taschen. Andrew Birkin (né en 1945) n’est pas encore le réalisateur et scénariste qu’il est devenu. Jane sa cadette d’un an est déjà l’actrice révélée par Michelangelo Antonioni dans Blow Up.  

Jane Birkin vous avez été beaucoup photographiée, l’êtes encore. Que vous inspirent les photographies de votre frère ? 
Jane Birkin. Elles ont un charme fou, délicieux. C’est une très jolie période, c’est la fin de l’enfance, la rencontre avec Serge. Andrew était alors avec moi et Kate à Paris. Il faisait des repérages pour Napoléon de Kubrick, je tournais Slogan [film de Pierre Grimblat cadre de la rencontre en 1968 de Jane Birkin et Serge Gainsbourg. NDLR]. On formait un trio joyeux. Andrew était de tous les coups, de toutes les vacances avec Serge et Kate, puis avec Charlotte. Nos rigolades, nos joies il les enregistrait avec son appareil photo. Serge nous faisait rire. Quand je regarde ces photos je comprends pourquoi il est si irrésistible. 

Andrew Birkin. J’adorais Serge, j’aimais sa compagnie, son esprit sardonique, ses extravagances, son sens enfantin de l’amusement. C’était comme un frère. Même s’il était plus vieux que moi, il me traitait d’égal à égal pas comme John Barry, un peu hautain et distant [John Barry a été le premier époux de Jane Birkin NDLR]. Il aimait s’amuser, jouer des tours. Il était flamboyant. Il pouvait être aussi timide ou mélancolique. Je me souviens encore de l’expression de son visage un jour où il écoutait Chaliapine interprétant Boris Godounov.

Serge divertissant Jane et Régine lors d’un déjeuner, 1969
Serge divertissant Jane et Régine lors d’un déjeuner, 1969
© Andrew Birkin

Il a aussi des photos de vous enfants, de vos parents. On vous voit déjà très à l’aise devant la caméra…
J.B. Andrew me donnait le goût d’être devant l’objectif et d’être une actrice. Il a été mon premier metteur en scène. Je revois la scène où il me demande de m’allonger sur les rails d’un train. J’étais ravie. 

A.B. En ce que me concerne je vois juste ma sœur que j’adore. Je ne vois pas l’actrice.  

Votre fille Kate Barry dit « C’est une histoire de famille où le regard de l’autre s’est toujours posé, s’est toujours joué, s’est toujours mesuré. » Qu’en pensez vous ? 
J.B. Elle a raison dire que nous sommes très conscients d’être toutes des actrices. Quand je regarde des photos de ma mère, je sais qu’elle prend légèrement une pose. Moi-même je lève la tête et je souris. Peut-être que c’est pour cela que Kate qui ne voulait pas se mettre devant, s’est mise derrière pour photographier les autres. A-t-elle, à un moment donné,  voulu être devant ? Je ne sais pas. Ce que je sais c’est qu’elle savait mettre en valeur les autres déjà très petite. 

Pour vous qu’est-ce que la photographie ? 
J.B. Les photos sont des souvenirs. Dans ce livre-là en particulier. J’ai été très contente quand il est sorti que Kate y figure à ce point. Elle qui était si souvent oubliée. C’est comme pour ma sœur qui n’est pas dans le cinéma. On parle de moi et de mon frère mais jamais d’elle.

Quelle place tient justement la photographie de famille chez vous ? Aimez vous faire des photos, des albums ?
J.B. Je ne fais pas du tout d’albums. Mais j’ai des photos de notre famille, des enfants et de leurs pères, d’Andrew et de ma sœur, partout dans la maison. 

L’Album de votre frère fait l’objet aujourd’hui d’une première exposition au musée aux Beaux-Arts-de Calais. Cette ville semble-t-il tient une place particulière dans votre histoire ? 
J.B. Oui par la dentelle. Mon arrière-grand-père Birkin détenait une usine à Calais. Il existe une photo de moi d’ailleurs enfant remettant un bouquet de fleur à la reine Elisabeth II qui était venue la visiter. Je ne sais pas ce qu’est devenue cette usine.

Sur le chemin de Blenheim Palace - 1969
Sur le chemin de Blenheim Palace - 1969
© Andrew Birkin

Thématiques

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque