Primitifs flamands

Jan, Rogier, Hugo et les autres

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 2 août 2007 - 615 mots

Le Musée royal des beaux-arts d’Anvers consacre une exposition aux diptyques flamands des XVe et XVIe siècles.”ˆAvec la collaboration de Harvard, il réunit des panneaux de retables aujourd’hui démembrés .

 ANVERS - Jan Van Eyck, Rogier Van der Weyden, Hugo Van der Goes, Hans Memling… Le Musée royal des beaux-arts d’Anvers (Belgique) a réuni les plus grands noms de l’art flamand pour une exposition sur le diptyque aux XVe et XVIe siècles. Le parcours offre de belles retrouvailles, permises par la reconstitution de diptyques, tel ce Rogier Van der Weyden composé d’un portrait de Philippe de Croÿ conservé à Anvers et d’une Sainte Vierge provenant de San Marino, en Californie. Citons aussi la délicate Vierge à l’Enfant de Memling prêtée par Berlin qui retrouve, en provenance de Washington, son pendant : le portrait d’un homme arborant la croix de l’ordre de Calatrava, probablement Diego de Guevara, un diplomate au service des souverains bourguignons. Même si le parcours, confiné et étroit, nuit quelque peu à la lecture des tableaux, le visiteur est comblé par tant de chefs-d’œuvre réunis. Des peintures comme La Chute et la Déploration du Christ, d’Hugo Van der Goes, la Vierge à l’Enfant et deux anges et Le Christ faisant ses adieux à sa Mère, par Gérard David, valent à elles seules le déplacement. Chaque pièce a fait l’objet, au préalable, d’une analyse minutieuse puisque l’exposition, d’abord présentée à Washington, s’inscrit dans un projet plus vaste lancé par les Harvard University Art Museums (Cambridge, Massachusetts). Outre de nombreuses restaurations – ainsi du portrait de Philippe de Croÿ –, les équipes scientifiques ont pu enrichir leur connaissance des diptyques flamands, desquels on sait, finalement, peu de chose. Posés sur des tables ou autels domestiques, accrochés aux murs, conservés dans des bourses ou coffrets, ces délicats ouvrages étaient l’expression d’une dévotion intime. Dans bien des cas, ils contribuaient aussi au prestige de leur propriétaire. Les artistes réalisaient pour le marché différentes versions d’un même modèle avec les figures de la Vierge ou du Christ. Les seigneurs et bourgeois pouvaient ensuite commander le second volet du diptyque peint à leur effigie. Avec le temps, la plupart des diptyques ont subi des modifications : des représentations ont été ajoutées au dos des panneaux, les blasons ont été repeints ou transformés, jusqu’au format pouvant avoir subi des remaniements. Certains ont été grossièrement sciés en deux et vendus en pièces détachées, de sorte qu’il est parfois difficile de savoir si un tableau de cette époque figurant une Vierge seule formait ou non une œuvre d’art autonome… En revanche, comme le précise dans le catalogue le commissaire de l’exposition, Nico Van Hout, « il est certain que les nombreux portraits conservés d’hommes en prière ne constituaient pas aux XVe et XVIe siècles un genre à part : il s’agissait de fragments d’une œuvre de dévotion originelle ». Modifiés puis démembrés, les diptyques ont été au fil du temps disséminés dans les musées ou les collections privées. Événement pour le moins exceptionnel, Anvers en restitue au public quelques-uns des plus beaux exemplaires connus à ce jour.

PRIMITIFS FLAMANDS, LES PLUS BEAUX DIPTYQUES

Jusqu’au 27 mai, Musée royal des beaux-arts d’Anvers (Koninklijk Museumm voor Schone Kunsten Antwerpen), Leopold De Waelplaats, Anvers, tél. 32 3 238 78 09, tlj sauf lundi et les 1er et 17 mai, 10h-17h et jusqu’à 18h le dimanche. Catalogue, éd. Ludion, Gand, 112 p., 29,90 euros. À lire également (en anglais) : J. O. Hand, C. A. Metzger, R. Spronk, Prayers and Portraits, Unfolding the Netherlandish diptych, National Gallery of Art, Washington & Yale University Press, 339 p., 65 euros ; J. O. Hand, R. Spronk, Essay in Context : Unfolding the Netherlandish Diptych, Yale University Press, 256 p., 36,50 euros.

PRIMITIFS FLAMANDS

- Commissaire de l’exposition : Nico Van Hout, historien de l’art - Organisation : National Gallery of Art de Washington (Washington) ; Harvard University Art Museums de Cambridge (Massachusetts) ; Musée royal des beaux-arts d’Anvers - Nombre d’œuvres : 30

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°257 du 13 avril 2007, avec le titre suivant : Jan, Rogier, Hugo et les autres

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