Isis et Horus photographes

Les Leisgen dialoguent avec le soleil

Le Journal des Arts

Le 24 octobre 1997 - 371 mots

Formés à la Kunstakademie de Karlsruhe, les Leisgen – Barbara (peintre) et Michael (sculpteur) – se consacrent à la photographie et à la vidéo depuis le début des années soixante-dix. La Maison européenne de la photographie présente, dans le cadre de la saison allemande, une rétrospective de leurs photographies où manquent malheureusement de nombreuses œuvres des années quatre-vingt.

PARIS. À l’instar de nombreux plasticiens de l’époque, les Leisgen explorent le monde par l’image photographique. Dans des œuvres comme la Naissance du soleil 1973-74 et la Description du soleil, 1974-75, ils interrogent le paysage dans une attitude religieuse fortement influencée par le romantisme européen de Caspar David Friedrich et l’impressionnisme de William Turner. Par la suite, leur vision, devenue moins narrative et plus conceptuelle, s’exprime par un système d’idéogrammes en couleurs. Avec les Écritures du soleil, 1978-82 et le Mur égyptien 1978, les Leisgen, Isis et Horus modernes, dialoguent avec le soleil en s’inspirant des cosmogonies et mythes fondateurs des grandes civilisations égyptiennes et précolombiennes.

Hymne funèbre
L’astre solaire devient écriture avec l’Alphabet du soleil 1974-75 et renvoie l’image d’un monde où l’homme, réconcilié avec la nature, serait en symbiose avec le cosmos. Loin d’être de simples artistes paysagistes, Barbara et Michael Leisgen militent pour la défense de l’environnement. Avec Apo­calypse, 1995, le polyptyque de 24 photographies noir et blanc qui clôt l’exposition, ils dénoncent les explosions et les essais nucléaires. L’incan­tation sacrée et joyeuse au soleil, des années soixante-dix, se transforme en hymne funèbre à un astre agonisant. Message pessimiste, présent dès le titre de l’exposition – “De la beauté usée” –, qui invite à réfléchir sur la fragilité du monde. Si les premiers travaux des Leisgen, encore teintés d’idéalisme et de mysticisme, peuvent faire sourire par leur message trop “écolo”, les travaux plus tardifs gagnent en intensité. Mal­heureusement, les œuvres des années quatre-vingt sont les grandes absentes de l’exposition et en particulier la série Tau­romachie, 1991 qui allie avec for­ce l’ombre au rituel de la mort.

DE LA BEAUTÉ USÉE, jusqu’au 9 novembre, Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy 75005 Paris, tél. 01 44 78 75 00, tlj sauf lundi et mardi 11h-20h. Catalogue, textes de Christian Bouqueret et Wolfgang Becker, édition MEP, 83 p., 150 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Isis et Horus photographes

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