Isabelle Champion-Métadier, la liberté gagnée

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 326 mots

Avec une nouvelle série de peintures intitulée Timetrackers, Isabelle Champion-Métadier offre un monde étrange et coloré à découvrir dont on ne sait dire ce qu’il est. N’appartenant à aucune mouvance esthétique particulière, l’art de cette artiste est l’expression d’une grande liberté. Celle d’un individu qui vit à cheval entre les deux rives de l’Atlantique, celle d’une créatrice qui n’a que faire des effets de mode, celle d’une peintre enfin passionnément amoureuse de son médium.
Les couleurs des tableaux de Champion-Métadier sont quasi fluo, un peu comme celles de ces petites feuilles publicitaires qu’on appelle des flyers et qui ne manquent jamais de capter notre regard. Les formes sont volontiers molles, sinon souples, sans aucune référence au monde extérieur. Elles renvoient à l’idée de quelque chose d’organique. Ses figures, composées d’aplats juxtaposés, ne manquent curieusement ni de poids, ni de densité, à ce point même qu’elles suggèrent l’idée de volume.
Face aux œuvres de Champion-Métadier, les mots de genèse, d’apparition et de mutation semblent bien être les plus aptes à définir ce qui s’y passe. Celui d’intime aussi, pour ce qu’il est le superlatif
d’« intérieur ». Comme si ce qui animait l’artiste relevait d’une question vitale. Voudrait-elle réactiver cette forme de pensée de la philosophie des Lumières qu’on appelait le « vitalisme », selon laquelle il existe en tout individu un principe vital, distinct tant de l’âme pensante que de la matière, elle ne s’y prendrait pas autrement.
Sa démarche est instruite de modernité : elle s’applique à faire valoir ce concept en toute intelligence de la problématique majeure de notre époque, la question de l’image. Dans un monde envahi par le visuel, quelle image encore proposer qui ne soit pas aussitôt avalée dans l’impressionnant tourbillon de la production contemporaine ? La réponse d’Isabelle Champion-Métadier semble d’autant plus juste qu’elle laisse toute latitude à l’imaginaire.

« Champion-Métadier – Timetrackers », musée des Beaux-Arts, 3 place Stanislas, Nancy (54), tél. 03 83 85 30 72, jusqu’au 27 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Isabelle Champion-Métadier, la liberté gagnée

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