Illusions perdues

L’art dans l’Europe post-communiste

Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2000 - 401 mots

Consacrée à l’art produit dans les anciens pays du Pacte de Varsovie, de l’Europe centrale et des Balkans, l’exposition berlinoise « Après le Mur : art et culture dans l’Europe post-communiste » est une métaphore des changements radicaux qui se sont opérés en Europe.Elle inspire davantage l’angoisse que le plaisir.

BERLIN (de notre correspondante) - Répartie de part et d’autre de l’ancienne ligne de démarcation, à l’Hamburger Bahnhof et à la Max Liebermann Haus, l’exposition “Après le Mur : art et culture dans l’Europe post-communiste” réunit plus de trois cents artistes.

Sélectionnés au cours des deux dernières années par les commissaires Bojana Pejic, David Elliott et Iris Müller-Westermann, ils vivent tous derrière l’ancien rideau de fer et ont connu les débuts de la nouvelle ère post-communiste, avec ses inévitables difficultés et contradictions. Parmi les vingt-deux pays représentés figurent, entre autres, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Lettonie, la Lituanie, la Macédoine et la Slovaquie. Organisée en quatre grandes sections traitant de questions politiques et sociales (“La sculpture sociale”), des moments cruciaux de l’histoire du XXe siècle (“Réinventer le passé”), des problèmes contemporains liés à l’identité artistique (“Interroger la subjectivité”) et des relations entre les sexes et le culte du corps (“Paysages hommes-femmes”), la plupart des pièces se distinguent par leur force morale et la violence avec laquelle elles dénoncent les torts de la société contemporaine. Dans cet esprit, le groupe russe AES (Tahana Arzamasova, Lev Evzovitch et Evgeny Syvatsky) a présenté son Projet islamique, série troublante d’images créées par ordinateur, inspirées du concept de l’affiche et de la carte postale. Cette œuvre constitue un commentaire ironique de l’auto-représentation si caractéristique de la société de consommation. Déplacement de l’objet, œuvre rappelant le travail de De Chirico, s’appuie sur le même principe. Un groupe, manifestement musulman, est représenté dans des lieux qui, en temps normal, lui seraient totalement étrangers : un souk animé, que surplombent des minarets, au cœur de la place Saint-Pierre de Rome, et une caravane bédouine devant le Reichstag de Berlin. Pour l’occasion, le Reichstag a pris les traits d’une immense mosquée pourvue d’un dôme doré. Cette image incongrue évoque la route difficile qui, du communisme, mène à un nouveau monde inexploré.

- « Après le Mur : art et culture dans l’Europe post-communiste », jusqu’au 4 février, Hamburger Bahnhof, Invalidenstrasse 50/51, tél. 49 30 397 8340 ; Max Liebermann Haus, Pariser Platz, tél. 49 30 22 63 30 16.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°117 du 15 décembre 2000, avec le titre suivant : Illusions perdues

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