Icônes du Levant

L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 361 mots

La prise de Byzance par les Ottomans au XVe siècle entraîne l’éclosion d’un nouvel âge d’or pour les chrétiens d’Orient. La conquête rapproche les Églises schismatiques du patriarcat orthodoxe, et l’ouverture au XVIe siècle de l’Empire vers l’Occident attire marchands et missionnaires latins. Placés au carrefour de ces rencontres, les chrétiens du Levant connaissent un essor important, intellectuel et commercial, qu’ils manifestent dans leurs églises, notamment par l’icône, support essentiel de la foi orthodoxe.
Un style régional nouveau se forme à Alep, autour d’une dynastie de peintres, la famille Al-Mussawir.
Le premier d’entre eux, Yûsuf, reste très fidèle à la tradition postbyzantine. C’est le travail de son fils, Nehmet, qui définit réellement les caractéristiques des icônes du Levant, en mêlant aux compositions traditionnelles grecques des coloris, des physionomies, une ornementation d’inspiration orientale. Les deux derniers peintres de la lignée, Hannania et Girgis, font évoluer ce style en fonction du goût de leurs commanditaires, en y intégrant progressivement des éléments occidentaux. Tout au long du XVIIIe siècle, la peinture des Mussawir connaît de nombreux imitateurs, souvent anonymes, alors que quelques peintres, comme Mikhaïl al-Dimashki, se distinguent en combinant les mêmes éléments dans une formule inédite.
Ce dernier âge d’or de l’icône se prolonge au XIXe siècle grâce à la production d’un peintre crétois, Michel Polychronis. La Crète avait été dès la chute de Byzance un haut lieu des contacts entre les mondes orthodoxe et latin. Michel le Crétois est l’héritier direct de cette tradition. Il mêle éléments grecs, italiens et arabisants. Cette synthèse est servie par une manière fastueuse, minutieuse, qui allait connaître un grand succès, relayé par les nombreux peintres formés dans son atelier.
L’exposition organisée à l’Institut du monde arabe présente en quatre-vingts icônes les grandes étapes de cette histoire. Les manuscrits également présentés illustrent les contacts entre les différentes communautés chrétiennes, et la dette de la peinture d’icônes envers l’enluminure. Enfin, des accessoires liturgiques rappellent la véritable fonction de l’icône, celle d’être un objet de culte.

« Icônes arabes, art chrétien du Levant », PARIS, Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Ve, tél. 01 40 51 38 38, 6 mai-17 août. Hors-série L’Œil, 35 p., 5 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Icônes du Levant

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