Paris 3e

Héros toute catégorie

Musée d’art et d’histoire du judaïsme jusqu’au 21 février 2016

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 14 décembre 2015 - 355 mots

Puissant et charismatique comme Hollywood les aime, le héros de l’Ancien Testament Moïse n’a pas échappé à l’adaptation cinématographique.

Incarné à l’écran par l’irrésistible Charlton Heston, il écarte de ses bras ouverts la mer Rouge pour laisser passer son peuple opprimé dans la superproduction de Cecil B. DeMille, Les Dix Commandements. L’extrait est projeté en introduction de l’exposition et rappelle que l’image du prophète, si souvent dessiné, peint et incarné, est profondément ancrée dans les esprits, même s’il n’existe aucune preuve historique de son existence. Changement de décor avec les fresques de la synagogue de Doura Europos dans la salle suivante, toujours sur écran. Au cœur du monde juif, plusieurs épisodes de la vie de Moïse sont illustrés dès le IIe et IIIe siècle de notre ère (vers 150-245), dix-sept siècles avant Heston. Pas si simple d’aborder un tel personnage, à la croisée des religions, figure politique tout autant que philosophique. Le musée s’y emploie méthodiquement en illustrant dans un premier temps les étapes de sa vie par des œuvres choisies : La Récolte de la manne dessinée par Rubens, Moïse frappant le rocher esquissé par Poussin, Moïse recevant les Tables de la Loi gravé par Vasari. Le parcours se poursuit de façon thématique sur les différentes facettes du prophète, préfiguration du Christ pour les chrétiens, libérateur pour les juifs, modèle du prince moderne pour Machiavel. Le plus passionnant est la partie sur sa modernité car moins attendue, sauf pour Chagall dont la belle série de planches de 1956 illustrant la Bible figurant aux côtés de l’huile La Traversée de la mer Rouge. Mais Moïse fut également l’icône des Noirs américains dans leurs luttes civiques, au point que Martin Luther King fut baptisé «Le Moïse noir », le libérateur de son peuple. Enfin, retour au cinéma avec le réalisateur Michelangelo Antonioni. Quand le puissant Moïse de Michel-Ange sculpté pour le tombeau de Jules II est restauré en 2003, il est invité à réaliser un documentaire. Cette œuvre-testament, mi-documentaire, mi-autoportrait de cet homme, au prénom du sculpteur et à la « bouche pesante » du prophète décrit par la Bible, sert d’épilogue à cette belle exposition.

« Moïse. Figures d’un prophète »

Musée d’art et d’histoire du judaïsme, hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, Paris-3e, www.mahj.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°686 du 1 janvier 2016, avec le titre suivant : Héros toute catégorie

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