XVIIE SIÈCLE

Henri IV à Cadillac : entre l’histoire et la construction d’une image

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2019 - 512 mots

Cadillac (Gironde). Le château de Cadillac et Henri IV entretiennent une relation particulière.

Fief du favori d’Henri III, le duc d’Epernon, c’est Henri IV lui-même qui avait ordonné à ce « demi-roi » un peu trop puissant à son goût de dépenser sa fortune dans la construction d’un château. Cet été, le bon roi Henri y est l’objet d’une exposition historique sur son règne, qui fait aussi la promesse de raconter l’évolution puis l’utilisation de l’image d’Henri IV par la lignée des Bourbons au fil des siècles. Dans ce parcours à la scénographie léchée, l’accent est toutefois mis principalement sur l’histoire du règne. C’est aussi l’occasion de valoriser la collection du château de Versailles, qui organise cette exposition riche en œuvres contemporaines du règne d’Henri IV et quasiment toutes restaurées pour l’occasion.

Une élaboration iconographique survolée

Au fil de l’exposition affleure le récit de la construction d’un type iconographique. Ainsi, dans la deuxième salle, sont mis en regard un beau portrait du roi signé Frans Pourbus le Jeune, un buste remarquable attribué à Barthélémy Tremblay et un plâtre en pied du XIXe. Ici, l’exposition met en scène la continuité d’une image composée pendant le règne d’Henri IV, celle d’un souverain esquissant un sourire bienveillant, au profil caractéristique. Dommage que les textes abordent trop succinctement cette construction iconographique, lui préférant un récit généalogique convenu. D’autant que, dans ce registre, certaines pièces du puzzle manquent : si les rares portraits de jeunesse et des représentations allégoriques italianisantes du roi sont évoqués, on ne peut hélas en voir aucun exemple dans les salles.

Après une partie également historique, où les œuvres servent de support visuel aux récits des guerres et de l’assassinat d’Henri IV, une salle est consacrée à la fortune de l’image d’Henri IV, depuis que Voltaire, avec son Henriade, a fait du premier Bourbon le symbole du bon gouvernement. On découvre que sous Louis XVI la représentation du Vert-Galant est associée à celle de son conseiller et compagnon d’armes, Sully. Le roi bienveillant mais fantasque, au caractère gascon, tempéré par un grand administrateur et courageux soldat : voilà l’image d’un règne idéal.

Et l’on comprend, grâce à une grande toile représentant l’Inauguration de la statue d’Henri IV sur le Pont-Neuf en 1818 (statue détruite à la Révolution, et dont on devine l’origine dans une gravure épique du XVIe siècle, par Antonio Tempesta), l’importance de cette figure légitimatrice pour la Restauration et Louis XVIII. Une reproduction en bronze de ladite statue vient mettre un point d’orgue à cette démonstration, trop brève, sur la fortune de l’iconographie henricienne : les contraintes techniques imposées par le château de Cadillac ont en effet empêché les commissaires de présenter des œuvres, plus volumineuses, de la monarchie de Juillet.

Un portrait de Charles IX, par François Clouet, et une représentation en pied d’Henri IV par Pourbus le Jeune méritent le déplacement : deux objets d’une grande finesse qui arrêtent le regard. L’initiative de Versailles permettra aussi au visiteur de découvrir un beau château, administré par le Centre des monuments nationaux, riche de son histoire et d’un bel ensemble de cheminées monumentales.

Henri IV, un roi dans l’histoire,
jusqu’au 29 septembre, château de Cadillac, 4, place de la Libération, 33410 Cadillac-sur-Garonne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°528 du 6 septembre 2019, avec le titre suivant : Henri IV à Cadillac : entre l’histoire et la construction d’une image

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