Paris-17e

Henner loin des clichés

Musée Henner - Jusqu’au 17 juin 2013

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 19 février 2013 - 385 mots

Installé dans un hôtel particulier ayant appartenu au peintre Dubufe, le Musée Henner vaut à lui seul le détour par ses éléments décoratifs et architecturaux composites.

C’est dans ce décor insolite que se déploie l’exposition « Sensualité et spiritualité. À la recherche de l’absolu. » En abordant un aspect moins immédiat de sa peinture, le sujet religieux, le musée propose de porter un regard nouveau sur l’œuvre d’un artiste dont l’image est souvent réduite à quelques clichés.

C’est dans les ateliers strasbourgeois où le peintre commence sa formation académique que naît sa passion pour les primitifs allemands. Les tableaux d’Holbein, particulièrement son Christ mort, et le retable de Grünewald vont marquer son œuvre. Il part ensuite à Paris pour parfaire sa formation aux Beaux-Arts. À la Villa Médicis, durant cinq ans, il étudie les maîtres de la Renaissance : Raphaël, Titien et surtout le Corrège, qui utilise à merveille le clair-obscur.

De l’académisme du début à ses recherches, l’exposition met en lumière le cheminement singulier d’un artiste qui allie perfection formelle et absolu métaphysique. Dans cette partie importante de son œuvre, elle met en exergue trois sujets récurrents : les figures du Christ mourant ou souffrant, les Marie-Madeleine et les sujets de « tradition », saints et martyrs, replacés dans le contexte artistique de l’époque aux côtés de ses contemporains : Bonnat, Carrière, Moreau, Puvis de Chavanne…

La visite s’ouvre sur ses « académies » suivies de son premier sujet religieux, un Ecce Homo de 1849. Avec son prix de Rome, Adam et Ève trouvant le corps d’Abel, dont il réalise de nombreux dessins préparatoires, Henner ouvre la série des corps du Christ, « la chose la plus difficile à faire en peinture ».

Sa quête obsessionnelle « pour peindre le corps et rendre l’âme » trouve son aboutissement dans un ensemble de cinq tableaux représentant le corps du Christ. La série d’études et d’œuvres autour de Madeleine reprend le même cheminement artistique : depuis la Madeleine pénitente de 1860 trop charnelle et perçue comme une belle pécheresse à la Madeleine au désert de 1878 dont le corps diaphane, transcendé, irradie la lumière dans l’obscurité, ce sont les mêmes recherches d’absolu et le même aboutissement.

« Jean Jacques Henner. Sensualité et spiritualité. À la recherche de l’absolu »,

Musée Henner, 43,avenue de Villiers, Paris-17e, www.musee-henner.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°655 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : Henner loin des clichés

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