Harmonies et inquiétudes de Creten

Visiblement heureux de présenter ses sculptures dans les vastes espaces du Centre d’art, Johan Creten (né en 1963 en Belgique) insiste sur le titre de l’exposition : « La Traversée ». Il s’agit d’abord d’une allusion à son exposition sétoise réalisée en 1991 à la suite de sa résidence. Le jeune sculpteur présentait alors des œuvres dans un espace accessible uniquement en bateau. Un quart de siècle plus tard, « La Traversée » évoque aussi les péripéties mouvementées de la vie. L’artiste n’a cessé d’arpenter la planète, de la Floride au Mexique, de La Haye à Hong Kong, réalisant des expositions importantes comme au Bass Museum de Miami en 2003, au Louvre aux côtés de Bernard Palissy en 2005 ou à la Galerie Perrotin de New York en 2015.

Aujourd’hui reconnu comme un précurseur de la renaissance de la céramique dans l’art contemporain, Johan Creten déploie dans les sept salles du rez-de-chaussée du Crac un étonnant ballet de formes tantôt absolument sombres, tantôt aux couleurs soutenues. Des réalisations tels Odore di Femmina - La Malcontenta (2015), un buste féminin recouvert de pétales de fleurs déposés comme des coquillages sur une épave longuement immergée, ou Pliny’s Sorrow (2011), un gigantesque volatile noir, envahissent les espaces de fébriles harmonies et de vives cristallisations. Rigoureux, parfois inquiet, toujours en quête d’innovations, Johan Creten excelle à subvertir les pratiques traditionnelles de la céramique.