Hans Hartung

Quand le support renouvelle l’œuvre

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 juin 2006 - 351 mots

En 1973, Hans Hartung, âgé de 69 ans, déménage sa maison et son atelier à Antibes. Privé d’atelier fixe pendant quelque temps, il se met à pratiquer la gravure, la lithographie et « le dessin ».  En fait, il découvre en réalisant les plans de sa maison, le carton baryté, familier des architectes. Séduit par cette surface épaisse, très lisse, légèrement satinée et d’une blancheur immaculée, il l’utilise jusqu’en 1979.
On connaît le goût d’Hartung pour les mélanges de techniques. Il mêle ici l’encre, le pastel et l’acrylique, appliqués rapidement au pinceau, à la plume ou à la pointe d’argent. Ce nouveau support et l’emploi de petits formats entraînent un renouvellement dans son travail. En regard des années précédentes, on y voit moins de virtuosité ou d’expressivité, moins d’effets de matière, mais des entrelacs et des coulures plus énergiques.
Autre découverte, le signe s’aventure hors du cadre. Les formes explosent pour se poursuivre hors-champ. Cette approche du cadrage est d’ailleurs primordiale chez l’artiste. Il prend de nombreuses photos dans lesquelles les modèles sont brutalement coupés.
Il revendique le droit d’utiliser l’espace de la toile comme cadrage de la réalité. Son atelier achevé, il s’inspire de ce qu’il voit à travers la fenêtre : « Les fenêtres me servent de tableaux. »
La galeriste Michèle Berthet-Aittouarès souligne : « Finalement, peu de peintres français sont vraiment abstraits. Ils partent très souvent de la nature. » Hartung s’inspire des branches d’arbres, des forêts ou de l’orage qui l’ont tant marqué enfant, même si ce rapport avec la réalité extérieure s’avère complexe. Le peintre ne traduit pas seulement des événements en images abstraites, mais projette des émotions, des sensations et des pulsions.
La galerie propose une cinquantaine d’œuvres de cette période, où griffures dynamiques et larges coulures se répondent. Hartung y a employé beaucoup de bleus et de jaunes, mais aussi des tons terreux se dégradant du vert au brun.
Marouflés sur toile, ces dessins ont parfois la présence des grandes peintures.

« Hans Hartung, peintures », galerie Berthet-Aittouarès, 29, rue de Seine, Paris VIe, tél. 01 43 26 53 09, jusqu’au 1er juillet 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : Hans Hartung

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