Grenoble - Le Magasin ouvre ses portes sur le Cosmos

Le Centre national d’art contemporain organise sa survie

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1995 - 447 mots

Au Centre national d’art contemporain (CNAC) de Grenoble, cinquante artistes étaient invités pour marquer la volonté de réagir d’une institution menacée et affirmer sa capacité à renouveler son orientation artistique.

GRENOBLE (de notre correspondant) - Après la mise en examen de sa directrice, Adelina von Furstenberg, et son licenciement (voir JdA n° 8, novembre), le CNAC-Magasin cherche à organiser sa survie. Un triumvirat composé de Marie-Claude Jeune, conseiller pour les arts plastiques en Rhône-Alpes, Jean-Pierre Simon, directeur de l’école d’art de Grenoble et Françoise Ducros, chargée des centres d’art à la Délégation aux arts plastiques, assure temporairement la direction artistique de l’établissement. "Il faut que le Magasin redémarre coûte que coûte", explique Jean-Pierre Simon.

Le choc de la sanction passé, l’esprit militant des débuts semble renaître et supplée à l’euphorie financière de la fin des années quatre-vingt. Avec deux mots d’ordre : travail et budget serré.

C’est dans cette optique que Frank Perrin, le rédacteur en chef de Blocnotes, a été sollicité. Intervenant à l’école de Grenoble et membre du comité d’achat du FRAC Rhône-Alpes, il a bénéficié d’un budget de 100 000 francs – l’équivalent de ce dont disposent, pour chacune de leurs expositions, les petits centres d’art de la couronne lyonnaise – et d’un mois pour mettre sur pied l’exposition "Cosmos, des fragments futurs", qui a été présentée du 25 mars au 24 avril. Un volontarisme bien accueilli puisque, selon Marie-Claude Jeune, "il y a eu un véritable mouvement de soutien et de solidarité autour du Magasin à l’occasion de cette exposition".

Ouverte par "deux artistes travaillant sur une problématique existentielle", en l’occurrence Chris Burden (Another world, 1992) et Michel Journiac, qui a réalisé une actualisation de son 24 heures de la vie d’une femme ordinaire (1974-94), cette exposition prolongeait le dernier numéro de Blocnotes, puisque dix-sept des cinquante artistes exposés étaient aussi montrés dans la revue. On pouvait y voir des artistes peu ou pas connus, qui proposent "un art éminemment réceptif au monde qui les entoure", et qui travaillent sur des thèmes habituellement dévolus aux sciences sociales.

Niek Van De Steeg, par exemple, présentait une véritable réflexion sur l’urbain et les grands ensembles avec ma­quette à l’appui (Le pavillon à vent dans son site, 1992), ou encore Regina Möller, qui publie la revue Regina (1994), une analyse féministe des journaux féminins.

La mise en espace, à la fois sophistiquée et brouillonne, laissait chaque section s’interpénétrer, et on y trouvait bien des "fragments" d’œuvres, de pensées, d’analyses disposés sans prétention "d’indexation à l’histoire de l’art", selon Frank Perrin. En effet, son "Cosmos" était plus proche du big bang fondateur que d’un monde fini. Prochaine exposition : Shirazeh Houshiary, du 11 mai au 9 juillet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Grenoble - Le Magasin ouvre ses portes sur le Cosmos

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