Autriche - Art moderne

« Gothic Modern », ou quand le macabre s’invite à l’Albertina

Par Éva Hameau · Le Journal des Arts

Le 11 décembre 2025 - 307 mots

Vienne. Sous le titre « Gothic Modern », les deux commissaires, Ralph Gleis et Julia Zaunbauer, proposent une confrontation d’une grande acuité entre des œuvres du Moyen Âge tardif et des productions des XIXe et XXe siècles signées d’artistes originaires de pays germanophones et d’Europe du Nord.

L’exposition de l’Albertina montre que le gothique a été une source d’inspiration pour plusieurs générations d’artistes modernes. Si son sujet paraît un peu réchauffé tant il a été traité, l’exposition se démarque grâce à son abondance de chefs-d’œuvre et à la justesse de ses comparaisons. Les cinq sections thématiques s’attardent sur le succès de certaines iconographies auprès des artistes modernes. Incontournable du genre, la section consacrée aux danses macabres et au motif de la jeune fille et la Mort met en miroir des œuvres emblématiques comme Les Trois Âges de la Vie et la Mort (1509-1510) de Hans Baldung [voir ill.] et la série des « Simulacres de la Mort » (1524) de Hans Holbein le Jeune avec la célèbre Jeune fille et la Mort (1908) de Marianne Stokes et les gravures de la « Danse macabre » (1924) de Robert Budzinski. La salle la plus marquante de « Gothic Modern » est sans nul doute celle consacrée à l’iconographie de la Mise au tombeau, qui met en lumière de façon remarquable l’importance que revêtit le Christ mort (1520-1522) de Holbein pour plusieurs artistes dont l’œuvre entretient un dialogue troublant avec celle du maître, à l’instar de La Mère de Lemminkäinen (1897) d’Akseli Gallen-Kallela et de la gravure Les Opprimés (1900) de Käthe Kollwitz. « Gothic Modern » ne se contente pas de présenter peintures, sculptures et arts graphiques, elle mobilise aussi un intéressant corpus d’arts décoratifs (mobiliers, vitraux, tapisseries) afin de montrer la fascination des artistes des XIXe et XXe siècles pour des techniques traditionnelles. Un vitrail et des enluminures de Gallen-Kallela font partie des perles rares de l’exposition.

Gothic Modern,
jusqu’au 11 janvier 2026, Albertina, Albertinaplatz 1, Vienne, Autriche.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°667 du 12 décembre 2025, avec le titre suivant : « Gothic Modern », ou quand le macabre s’invite à l’Albertina

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