Gerhard Richter au Carré

La collection personnelle du peintre à Nîmes

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 454 mots

Gerhard Richter passe pour l’un des peintres majeurs de l’après-guerre en Allemagne. S’il a déjà été honoré d’une rétrospective au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, l’exposition de Nîmes est très particulière puisqu’elle propose les œuvres qu’il a choisi de conserver.

NÎMES - Né en 1932 à Dresde, qui était alors en Allemagne de l’Est, Richter s’est singularisé dans les années soixante, peu après son passage de l’autre côté du mur, par des performances réalisées à l’enseigne du "réalisme capitaliste". Contrai­rement à son complice Sigmar Polke, Richter n’a pas persévéré dans la voie de la dérision mais s’est lancé dans une exploration presque systématique des conditions auxquelles la peinture serait possible dans la deuxième moitié du siècle. Usant d’abord de l’image comme support de sa pratique, il en est progressivement venu à l’abstraction, les deux genres continuant d’entretenir d’étroites relations dialectiques.

Un art post-moderne
Une même préoccupation cependant unit ces deux directions qui sont longtemps passées pour antagoniques : la beauté. Richter est en effet l’un des rares peintres contemporains qui se soit autant préoccupé d’une question que le modernisme avait dévaluée et que les artistes n’abordaient plus qu’avec un luxe de précautions. Ses peintures d’après les maîtres, ses portraits ou ses paysages, comme ses vastes compositions abstraites, approchent la beauté sans retenue, avec parfois même une certaine emphase. Non que le discours n’ait son rôle à jouer dans la légitimation de la pratique, mais au besoin, l’artiste ne recule pas devant les contradictions, donnant toujours le dernier mot à sa peinture.

Comme le rappellent les organisateurs de l’exposition, ce n’est en effet pas par hasard que sa cote, "loin de souffrir de l’effondrement du marché de l’art contemporain au début des années quatre-vingt, se soit affermie et que ses tableaux, notamment les œuvres figuratives, battent régulièrement de nouveaux records de vente". L’argent dit toujours la vérité, à condition de savoir l’interpréter ; on ne saurait y voir aussi facilement un éloge incontestable de sa réussite artistique. Quoi qu’il en soit, une certaine aisance lui a permis de conserver par devers lui des peintures qui, à un titre ou à un autre, font figure d’étapes. On découvrira ainsi des œuvres de caractère intime, que l’artiste ne tenait pas particulièrement à divulguer, mais aussi des œuvres charnières qui témoignent de sa constante recherche de nouveaux procédés picturaux. Le dernier tiers de cette exposition hors du commun sera constitué par des tableaux récents, avec en particulier une série consacrée au thème de la mère et de l’enfant, et une vue de Jérusalem qui nous rappelle les préoccupations politiques et idéologiques de Richter.

GERHARD RICHTER, du 15 juin au 22 septembre, Carré d’art-Musée d’art contemporain, Nîmes, tlj sauf lundi, 10h-18h. Renseignements : 66 76 35 70.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Gerhard Richter au Carré

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