Art contemporain

Carquefou (44)

Gerard Byrne, voyage dans l’absurde

Frac des Pays de la Loire Jusqu’au 21 septembre 2014

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 22 août 2014 - 319 mots

NANTES

Imaginez qu’Asimov, Bradbury et quelques autres pères de la science-fiction reviennent parler du futur. Ils s’étaient déjà réunis en 1963 à l’invitation du magazine Playboy pour imaginer ce que deviendrait le monde en 1984 – en hommage à George Orwell.

1984 a passé et les écrivai ns ne sont plus. Quant à l’entretien, il est tombé dans l’oubli… Pas pour Gerard Byrne, artiste irlandais né en 1969, qui l’a exhumé et fait jouer par des acteurs devant sa caméra. Décor et maquillage : le résultat est bluffant de vérité. D’une vérité toute fictionnelle. Byrne maîtrise à la perfection l’outil vidéo ; on se croirait au cinéma. Mieux, au théâtre ! Celui du Beckett d’En attendant Godot dont l’arbre imaginé par Giacometti pour la pièce refleurit dans l’exposition du Frac… Huit films de Byrne réalisés entre 1998 et 2012 sont ainsi projetés dans ce qui ressemble davantage à une installation immersive – en réalité deux installations – qu’à une exposition de vidéos. Grâce à un programme informatique développé pour le Frac, des extraits de ces vidéos sont projetés à tour de rôle sur des pans de mur posés en appui les uns contre les autres. Les dialogues circulent d’une baffle à l’autre, l’éclairage faisant de toutes les parties de l’exposition un tout. L’ensemble est plein de références sans jamais tomber dans la citation : Lee Friedlander (les photos de la première salle), Robert Morris (les tentures noires au mur)… Irlandais, Gerard Byrne se souvient sans doute aussi du travail de James Coleman. Chez Byrne, le temps est conjugué au passé, présent et futur. Ce qui donne cette impression d’absurde, comme lorsque que l’acteur Michel Debrane rejoue l’entretien qu’accordait Jean-Paul Sartre au Nouvel Observateur en 1977, le philosophe racontant sa rencontre avec Simone de Beauvoir à la Sorbonne, (mal) habillée par ses parents… Le sérieux y devient léger, l’anecdotique gagne en gravité. Le vrai devient fiction et l’éphémère gagne en absolu.

« Gerard Byrne, A Late Evening in the Future »

Frac des Pays de la Loire, La Fleuriaye, boulevard Ampère, Carquefou (44), www.fracdespaysdelaloire.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Gerard Byrne, voyage dans l’absurde

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