Art contemporain

Paris-6e

Georges Mathieu, peintre de l’excès

Monnaie de Paris – Jusqu’au 7 septembre

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 21 mai 2025 - 336 mots

XXe siècle -  Même aujourd’hui, à l’ère des vedettes de la pop et du cinéma suivies par d’innombrables fans sur les réseaux sociaux, on ne connaît guère d’artiste dont les œuvres auraient été vues par des centaines de millions de personnes.

Et pourtant, il y a déjà plus de soixante ans, un peintre, Georges Mathieu (1921-2012), a accompli cet exploit. En 1975, il conçoit le nouveau logo d’Antenne 2, mais surtout il dessine, en 1974, la pièce de dix francs, frappée à plus de 673 millions d’exemplaires. Le revers de la médaille, c’est que ce succès graphique a éclipsé le reste de son œuvre. Pourtant, Mathieu, maître dans l’art de la promotion mondaine, revendiquait aussi la paternité de plusieurs techniques et courants : le dripping, l’abstraction lyrique, le happening. Mais rien n’y fait : son œuvre, extrêmement populaire dans les années 1960, a peu à peu perdu de sa superbe. Il est probable que la production picturale de Mathieu – comme celle de Victor Vasarely – reste trop liée à une époque révolue, s’étant transformée en phénomène culturel, voire social. Le mérite de la rétrospective organisée en toute logique à la Monnaie de Paris, en collaboration avec le Centre Pompidou – la donation importante de la famille Mathieu en 2015 y étant sans doute pour beaucoup – est de révéler l’ampleur de son œuvre. Face à ces immenses toiles, brossées avec une stupéfiante rapidité, à cette gestualité débridée, il est impossible de ne pas penser à Jackson Pollock. Faut-il pour autant reprocher à Mathieu de ne pas pratiquer le célèbre all-over, ce mantra de l’expressionnisme abstrait américain ? Rien n’empêche qu’une composition centrée, d’où jaillissent des éclairs dans tous les sens, soit tout aussi convaincante. En revanche, les excès de l’artiste – couleurs criardes et contrastées, couches épaisses de matière – en font une peinture qui cherche trop l’effet spectaculaire flirtant parfois avec le kitsch. Ainsi, on peut préférer les quelques toiles où, sur un fond blanc, surgit un signe noir isolé. Parfois, le silence est d’or.

« Georges Mathieu, geste, vitesse, mouvement »,
Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, Paris-6e, www.monnaiedeparis.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Georges Mathieu, peintre de l’excès

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