Musée

Georges Henri Rivière, cet illustre inconnu

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 20 décembre 2018 - 337 mots

MARSEILLES

Qui est Georges Henri Rivière ? C’est à la redécouverte de cet « inventeur du musée moderne », aujourd’hui sorti des radars, que nous convie le MuCEM.

Cette exposition se révèle comme un panorama vif et festif retraçant le parcours de Georges Henri Rivière, couramment appelé GHR, un homme qui a consacré sa vie à la création et au développement de musées à caractère ethnographique, du Musée du Trocadéro au Musée national des arts et traditions populaires (ATP), ouvert à Paris en 1975 après vingt-deux ans de gestation émaillée de moult difficultés. « L’art populaire n’est pas seulement le conservatoire de traditions séculaires et parfois millénaires. Il est aussi un creuset, que les foyers cachés de l’âme collective maintiennent en permanence à la température de fusion. Un brassage et un rebrassage inconscient s’y opèrent, alliant des vestiges ancestraux et des créations savantes après qu’elles ont filtré du haut en bas de l’échelle sociale et que, fondues dans la masse, elles ont, si j’ose dire, troqué leurs lettres de noblesse pour un acte de naturalisation », déclarait le 10 juin 1975 Claude Lévi-Strauss, ami de GHR, lors de l’inauguration de la galerie culturelle du Musée des ATP. Judicieusement sélectionnées par les deux commissaires Germain Viatte et Marie-Charlotte Calafat, et remarquablement mises en œil par le scénographe Olivier Bedu, même les pièces les plus « modestes » présentées dans cette exposition se révèlent avec une présence riche et troublante. Un étonnant collier monté d’un harnachement de cheval pour la Saint-Éloi, collecté en Provence en 1938, un masque anthropozoomorphe Kanaga (culture dogon, Mali, avant 1931), un masque funéraire (culture Nazca, Pérou, 200 av. J.-C.) ou le pichet de PicassoLe Peintre et deux modèles de 1957, parmi six cents objets et documents rassemblés dans ce parcours d’exposition, illustrent l’esprit novateur de GHR. Refusant toute hiérarchie culturelle, il a œuvré avec passion et ténacité à explorer les interactions entre arts savants et arts populaires, développant également un intérêt jamais démenti pour des formes de culture moins valorisées comme la chanson et la littérature populaires ou les arts forains.

« Georges Henri Rivière. Voir, c’est comprendre »,
MuCEM, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, 7, promenade Robert-Laffont, 1, esplanade du J4, Marseille (13), www.mucem.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Georges Henri Rivière, cet illustre inconnu

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