Art moderne

Gens, mythes et paysages au temps de Victoria

Fondation de l’Hermitage - Jusqu’au 2 juin 2019

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 21 février 2019 - 323 mots

LAUSANNE / SUISSE

Belle découverte que ces soixante tableaux retraçant le foisonnement de la créativité artistique anglaise durant le long règne de celle qu’on surnomma « la grand-mère de l’Europe ».

À l’exception de deux ou trois d’entre eux, aucun n’était sorti jusqu’alors des musées de Grande-Bretagne. De ce fait, si l’intérêt des œuvres n’est pas toujours égal, la curiosité du visiteur reste sans cesse en éveil. Car, alors que la nation se voue à l’essor économique et que la société victorienne prône le rigorisme, les peintres imposent leur liberté de regard et apparaissent autant comme les narrateurs de la réalité au quotidien que les médiateurs d’une beauté créée par eux seuls. Puisant un peu partout leurs sujets, dans le confort des cottages, les omnibus londoniens, les textes de Shakespeare, les poèmes de Keats, les confins orientaux de l’Empire britannique ou les sites naturels spectaculaires comme ce paysage lunaire de l’île de Skye exécuté par Waller Hugh Paton, ils composent leurs toiles avec autant de souci pour le détail que de fantaisie pour les couleurs. La scène de genre bourgeoise et le drame pathétique vécu par une famille indigente de l’East End n’ont pas moins de valeur esthétique que les fabuleuses abstractions d’un Turner au sommet de sa carrière comme de son style. L’excentricité ici fait partie des codes admis. Arthur Hughes (Ophélie, 1852) et Whistler (Brown and Gold: Selfportrait, 1895) en apportent la preuve avec des toiles hautement séduisantes. Complément appréciable à cet ensemble de peintures par l’originalité de son propos, une petite salle présente une série de photos de 1865 de Jane Morris. Troublante, songeuse, vêtue d’une robe confectionnée par elle, la muse de Dante Gabriel Rossetti pose dans un jardin sous les conseils du peintre, ce qui fait que les clichés se transforment en études préliminaires. Témoin des recherches que les peintres français engagent au même moment, Théophile Gautier connaissait bien la peinture insulaire. Il avait relevé sa « forte saveur locale ». Des mots encore valables.

« La peinture anglaise, 1830 -1900 »,
Fondation de l’Hermitage, Route du Signal 2, Lausanne (Suisse), www.fondation-hermitage.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Gens, mythes et paysages au temps de Victoria

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