Espagne - Art moderne

XIXE SIÈCLE

Francisco Pradilla, le dernier maître de la peinture d’histoire espagnole

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 12 octobre 2022 - 510 mots

MADRID / ESPAGNE

Le peintre espagnol, ancien directeur du Prado, fait l’objet d’un honneur succinct à l’occasion du centenaire de sa mort.

Francisco Pradilla, Doña Juana la Loca (Jeanne la Folle), 340 × 500 cm, 1877, huile sur toile. © Musée du Prado
Francisco Pradilla (1848-1921), Doña Juana la Loca (Jeanne la Folle), 340 × 500 cm, 1877, huile sur toile.
© Musée du Prado

Madrid. Le Musée national du Prado met en exergue le peintre Francisco Pradilla y Ortiz (1848-1921) avec une sélection de huit œuvres conservées au musée, présentées dans la salle 60 du bâtiment Villanueva, auxquelles s’ajoutent deux grands formats à découvrir dans la salle 75. Conformément à son programme de présentation des collections du XIXe siècle du Prado, l’exposition revient sur le succès de la peinture d’histoire en Espagne durant la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à sa désuétude à l’aube des années 1910, avec la figure de Francisco Pradilla, grand représentant du genre dans le pays.

Né en 1848 dans la région de Saragosse, le peintre passe la majeure partie de sa vie à Madrid, où il est directeur du Musée du Prado de 1896 à 1898. Les quelques œuvres exposées, parmi plus de mille toiles réalisées, sont les temps forts de sa carrière de peintre d’histoire, avec la représentation de sujets de la fin du XVe siècle jusqu’au début du XVIe siècle.

Un réalisme plein d’emphase

Pradilla commence sa carrière en exécutant des copies, la première étant Le Corps de Béatrice Cenci exposé sur le pont de Saint-Ange, récemment offerte au Prado et exposée pour la première fois, réalisée d’après l’œuvre du peintre Lorenzo Valles (1831-1910). Elle montre le recueillement d’une foule devant le cadavre de Béatrice Cenci, jeune femme italienne condamnée à mort pour le meurtre de son père incestueux.

Autre figure disgraciée ayant particulièrement intéressé Pradilla, celle de la princesse Doña Juana de Castille, surnommée « Juana la Loca » (Jeanne la Folle). L’œuvre Doña Juana la Loca [voir ill.], présentée dans la salle 75 et accompagnée de son esquisse, la montre à l’occasion de la veillée funèbre de son époux. La toile a reçu la médaille d’honneur à l’Exposition nationale des beaux-arts de 1878 à Madrid ainsi qu’à l’Exposition universelle de Paris la même année. « L’originalité de Pradilla est l’emphase de son réalisme, non seulement dans la représentation des conditions d’atmosphère du paysage, mais aussi dans les prises de vue qui n’excluent pas les aspects laids, en tentant de capter l’instant », explique Javier Barón, commissaire de l’exposition et conservateur des peintures du XIXe siècle au Prado.

La princesse est à nouveau présente dans l’œuvre Doña Juana la Loca recluse à Tordesillas avec sa fille (1906), dont Javier Barón souligne la « qualité extraordinaire des détails ». Pradilla reproduit ce tableau l’année suivante, avec son pendant, la célèbre Procession du baptême du prince Don Juan, fils des Rois catholiques, dans les rues de Séville (1910), pièce maîtresse de l’exposition. Ici la « vraisemblance du réalisme des mouvements des figures nous persuade que nous sommes dans la Séville des années 1470 des rois catholiques, avec la lumière magnifique de la ville », ajoute le commissaire de l’exposition.

Quelques petits formats accompagnent la présentation de ces grandes œuvres, telle une étude intitulée Cheval arabe du comte Bobrinski, réalisée d’après nature pour la célèbre Capitulation de Grenade de 1882, œuvre majeure de Pradilla conservée au Sénat espagnol.

Francisco Pradilla (1848-1921), splendeur et déclin de la peinture d’histoire en Espagne,
jusqu’au 23 octobre, Musée du Prado, C. de Ruiz de Alarcón, 23, Madrid.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°595 du 23 septembre 2022, avec le titre suivant : Francisco Pradilla, le dernier maître de la peinture d’histoire espagnole

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