Fouilles cérébrales

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 22 janvier 2009 - 247 mots

Au milieu des années 1890, Freud et Rodin, qui ne se connaissent pas, commencent à acquérir des objets antiques.

Cette pratique se transforme très vite en collection, puisqu’à leur mort on compte, pour chacun d’eux, plusieurs milliers de pièces. Fort heureusement ces collections ont traversé intacts le temps, celle de Rodin à Paris et celle de Freud à Londres grâce aux bons soins de Marie Bonaparte.
Le musée Rodin présente une sélection de ces œuvres dans ce qui est plus une construction intellectuelle qu’une exposition d’art proprement dite. Elle permet d’approcher la démarche des deux maîtres d’autant plus sûrement qu’ils travaillaient au milieu de leur collection dans un étonnant amoncellement. Pour Freud, l’archéologie est une métaphore du travail psychanalytique. Les deux disciplines procèdent par un dégagement progressif des couches du passé. L’exposition présente notamment la mythique Gradiva, le bas-relief original romain et le moulage correspondant demandé par Freud et qu’il avait accroché sur le mur près du divan de ses patients.
Pour Rodin, la démonstration est plus manifeste car plus formelle. Il y a plus que des passerelles entre son apport à l’histoire de la sculpture et sa collection d’antiques faite de morceaux de statues et de torses démembrés. L’un et l’autre se retrouvent lorsqu’il s’agit de se réapproprier le passé ou de compenser un manque. Car ainsi que le disait Freud, « toutes les collections sont des répliques de Don Juan ».

« Rodin et Freud collectionneurs », musée Rodin,79, rue de Varenne, Paris VIIe, www.musee-rodin.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°610 du 1 février 2009, avec le titre suivant : Fouilles cérébrales

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