Florilège de la sculpture du xxe siècle à nos jours

L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 432 mots

Les jardins du musée Van Buuren à Bruxelles, empreints d’une intemporelle quiétude, sont cet automne sublimés par l’exposition « De Maillol à Tony Cragg ». Loin de prétendre à l’exhaustivité d’un panorama de la sculpture du xxe siècle, la commissaire d’exposition, Isabelle Anspach, a juste souhaité réunir quelques œuvres dans un environnement inattendu. La Rivière de Maillol, dans son improbable posture, veille sur la vingtaine de pièces ci et là déposées, au détour d’un bosquet, à l’ombre d’une futaie.
Pourtant antagonistes, parfois figuratives et souvent abstraites, les pièces de bronze, de verre ou de métal se complètent par leur singularité. Les volumes compacts de corps enfermés dans la pierre, à l’image de La Naissance d’Oscar Jespers, répondent aux courbes pleines des figures féminines de Rick Wouters.
César et Calder sont également présents au rendez-vous. Pour le français, une plaque de bronze patinée renvoie à la souche des arbres qui lui servent d’écrin. Pour l’américain, c’est un chien d’acier brun qui rode à l’entrée des parterres. Autre figure phare de l’exposition, Tony Cragg a élu domicile dans la roseraie avec ses « Totems ». De multiples visages prisonniers de la matière contemplent la fuite du temps, à peine interrompue par le frémissement d’un mobile de l’artiste cinétique Takis. Attenante au jardin, une maison, « modeste » selon ses propriétaires, incroyablement riche par la collection de peintures qu’elle abrite, vit toujours au rythme des mécènes qui l’ont conçue et décorée. Les époux Van Buuren, passionnés d’art, ont débuté leurs collections lors du Salon des arts décoratifs de 1925 à Paris.
David et Alice Van Buuren ont fait construire leur villa, animés du souci de valoriser leurs œuvres d’art, faisant appel aux plus grands ensembliers Art déco de la génération. Chaque pièce fut conçue autour d’une œuvre, chaque recoin de boudoir pensé pour accueillir un Lalique, chaque panneau mural pour mettre en valeur un Soleil couchant de Max Ernst ou un Berger de Woestijne, dont les Buuren furent les plus grands collectionneurs.
Ensor, Brueghel, Foujita se partagent les pièces de la maison, répartie autour de l’escalier monumental en palissandre et noyer. La disposition des œuvres et du mobilier demeure fidèle à l’agencement de la propriétaire Alice Buuren, disparue en 1970. Témoignage d’une époque et antre d’esthètes, la maison-musée Van Buuren est un site préservé où le temps s’est arrêté, et où des œuvres immuables continuent d’exister en un lieu qui les sublime, à moins que ce ne soit l’inverse…

« De Maillol à Tony Cragg », musée Van Buuren, 41, avenue Léo Errera, Bruxelles, Belgique, tél. : 0032 (2) 343 48 51, jusqu’au 16 octobre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Florilège de la sculpture du xxe siècle à nos jours

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