Musée

Paris-9e

Figures de proue de la sculpture figurative

Fondation Taylor - Jusqu’au 12 mai 2018

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 30 avril 2018 - 311 mots

Pour sortir de l’éclipse Jean Carton, Léopold Kretz, Jean Osouf et les autres, il fallait bien le splendide atelier de l’ambitieuse Fondation Taylor qui, avec ses hautes verrières et son espace baigné de lumière, permet sans pareil d’arracher les œuvres à la torpeur des années et aux angles morts de la doxa.

Conçue en partenariat avec le Musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan, dont le nom suture l’identité de deux grands sculpteurs du XXe siècle (Robert Wlérick et Charles Despiau), l’exposition explore trente années de « sculpture figurative », de 1938 à 1968. Les artistes ici présentés jouissent d’un pedigree commun : un enseignement académique (à l’École des beaux-arts de Paris, essentiellement), des commandes officielles (à l’heure où se multiplient les initiatives publiques), des récompenses et des charges prestigieuses (Marcel Damboise est décoré de la Légion d’honneur en 1954, Raymond Martin et Gunnar Nilsson rejoignent l’Académie des beaux-arts au début des années 1960). Héritiers d’Antoine Bourdelle et d’Aristide Maillol, associés à des rêves grandioses nommés Musée des colonies ou Palais de Chaillot, ces sculpteurs majeurs se distinguent par leur hantise figurative, mieux, figurale, tant leurs œuvres sont articulées autour de la figure humaine. Or, par un subtil retournement lexical, qui baptisera cette « modernité classique » de « retour à l’ordre », ces artistes médaillés et honorés seront bientôt oubliés et décriés. Oubliés car médaillés, décriés car honorés. Abhorrant les académies comme les décorations, superposant les nostalgiques avec les réactionnaires, fustigeant toutes les offenses figuratives faites à la table rase abstraite, les événements de Mai 68 allaient rayer des manuels les noms de Charles Malfray ou Alfred Janniot et, avec eux, ces sculptures présidées par la calme synthèse et la ligne claire. La Fondation Taylor, en leur redonnant place et vigueur, ne réécrit pas l’histoire, elle l’écrit mieux, plus juste car plus complexe.
 

« Les maîtres de la sculpture figurative, 1938-1968 »,
Fondation Taylor, 1, rue la Bruyère, Paris-9e, Taylor.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Figures de proue de la sculpture figurative

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