Musée

Martigues

Félix Ziem réhabilité

Le talent et la facilité

Par LeJournaldesArts.fr · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1994 - 405 mots

à l’occasion du très important legs – 600 peintures, 2 500 dessins – de Lil Treilles-Ziem, petite-fille de l’artiste, le Musée de Martigues consacre à cet artiste méconnu une belle exposition qui retrace son parcours et donne un aperçu de son œuvre extrêmement prolifique.

MARTIGUES - Le musée, en partie vidé de ses collections permanentes pour la circonstance, propose sur trois niveaux un parcours géographique de la carrière de Félix Ziem (1821-1911), qui couvre plus de soixante-dix années. On estime sa production à environ 2 000 peintures et 4 000 dessins, dont plus de la moitié est aujourd’hui conservée à Martigues.

L’exposition aborde tour à tour les thèmes – essentiellement des paysages – qui ont marqué cet infatigable voyageur : l’Italie – Rome, Naples et Venise – la Russie, Constantinople, l’égypte, l’Algérie, l’écosse, la Hollande, mais aussi la France, Paris, Barbizon et surtout la Provence. Elle présente chaque fois dessins, études de plein air et œuvres définitives, recomposées en atelier.

Lorsqu’on saura que Ziem était doué d’une grande facilité et qu’il connut rapidement le succès, on comprendra aisément les différences de qualité qui jalonnent son parcours. Tantôt transparaît une parfaite maîtrise des effets, une nervosité, un mouvement incroyables, que l’on perçoit fort bien dans la matière légère de certains tableaux, et qui frise parfois le génie (Venise, Grand Canal et palais des Doges ; Venise, rue du Castillon). Tantôt, au contraire, les toiles sont faciles, lisses et acidulées, mais sans grande saveur.

Tout à fait différentes, les petites études à l’huile (Marseille, le fort Saint-Jean) ou à l’aquarelle (Vues de Villefranche, Nice, Marseille) sont peut-être les plus séduisantes, reflets d’une spontanéité qui disparaît dans des Vedute recomposées, trop souvent répétées. éclectique et indépendant, il ne se rattache à aucun courant, mais demeure cependant très fortement marqué par Turner et ses grandes visions atmosphériques (Venise, Grand Canal avec le Campanile), avec parfois, curieusement, les accents de Monet (Venise, fête de l’Assomption). Ziem, finalement, est un peintre attachant, et qui méritait pour le moins d’être ainsi exposé.

\"Félix Ziem, peintre voyageur (1821-1911)\"

Martigues, Musée Ziem, jusqu’au 30 octobre 1994 ; commissaires de l’exposition : Sophie Biass-Fabiani, Gérard Fabre, Bernadette Cordina. Catalogue, édition Actes Sud, 219 p., 190 F. Très complet, il comprend, outre une biographie et plusieurs essais, un inventaire de l’œuvre peint de Ziem au Musée de Martigues. Et si, décidément, Ziem vous a conquis, Acte Sud publie encore son Journal (1854-1898), 237 p., 120 F.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Félix Ziem réhabilité

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