Faire communauté en photo

Je n’avais pas l’impression de regarder depuis l’extérieur. J’avais des amis », écrit la photographe américaine Arlene Gottfried (1950-2017) dans son ouvrage Mommie. Three generations of women, non traduit en français. Cette conception de la photographie a été au cœur de la réflexion de Damarice Damao lorsqu’elle a conçu l’édition 2025 du festival photo de Lectoure « sur les différentes manières de faire communauté et de collaborer avec et pour la photographie ». L’historienne de la photographie, par ailleurs attachée de conservation au Cabinet de la photographie du Centre Pompidou, a conçu sept expositions sur des artistes qui ont travaillé ou travaillent en couple, en duo ou en collectifs et invité des inconnus ou des proches dans leurs images comme Arlene Gottfried, objet d’une monographie conséquente ou de Damien Daufresne (né en 1979) dont les photographies et dessins au fusain sur ses voyages et photographies de famille forment un récit visuel poétique aux allures de conte. D’autres travaux retiennent l’attention comme celui mené par Anne Desplantez (née en 1973) avec 24 enfants placés en maison d’enfants dans le Gers ou l’enquête de Laura Freeth et de Kevin Chrismann à partir d’une moissonneuse-batteuse enterrée sur une propriété agricole du Gers dans les années 1980. Les portraits sont nombreux dans cette édition que restitue aussi la résidence au Centre d’art et de photographie de Lectoure de Nelly Monnier (née en 1988) et Éric Tabuchi (né en 1959) qui ont poursuivi leur Atlas des Régions Naturelles (ARN) et révèlent leurs portraits de constructions, devantures de commerce, de paysages et de reliefs, liés aux régions environnantes de Lectoure.