Suisse - Art ancien

Genève (Suisse)

Escale au Japon

Musée d’art et d’histoire (MAH) - Jusqu’au 21 août 2022

Par Ingrid Dubach-Lemainque, correspondante en Suisse · L'ŒIL

Le 23 mai 2022 - 317 mots

GENÈVE / SUISSE

C’est un ensemble rare de par son ampleur et sa qualité, qui marque aussi l’aboutissement d’un long projet de recherches, qui est à découvrir au MAH de Genève : après sept ans de collaboration entre l’équipe du musée, des chercheurs japonais et suisses, une sélection d’estampes du nom de surimono est exposée.

En 1937, le musée genevois avait en effet acquis auprès d’une poétesse et amatrice d’art genevoise, Emilia Cuchet-Albaret, sa collection de 300 estampes japonaises, dont ces feuilles d’un genre singulier. Ces gravures oblongues et de grand format, qui étaient exclusivement produites dans le Kamigata, la région entre Kyoto et Osaka, entre le XVIIIe et la moitié du XXesiècle, alliaient images et textes – pour la plupart, des poèmes traditionnels japonais dans le style de haïkus. Par le biais de ces surimono, imprimés en nombre restreint sur papier de grande qualité pour des occasions particulières (fêtes, mariages, célébrations du Nouvel An ou annonces de spectacles), s’offre au spectateur une plongée dans le monde des arts vivants japonais. L’exposition, qui entremêle donc le plaisir de la contemplation esthétique avec une exploration de l’histoire culturelle du Japon ancien, met particulièrement en valeur des types d’activités précises et des figures – les geishas, le théâtre kabuki ou bunraku (de marionnettes) ou les cercles littéraires et poétiques. Ce qui frappe, c’est l’articulation singulière entre le texte, inédit et souvent une œuvre collective, et l’image symbolique qui l’accompagne et nécessite un décryptage soigné et précis : là, des fleurs de cerisiers annoncent que l’événement en question prend place au printemps ; ailleurs, une fumée de pipe qui se transforme en silhouette de dragon pour invoquer le succès à venir d’un spectacle. La préciosité et la fragilité de ces magnifiques feuilles face à une exposition trop prolongée à la lumière expliquent que seules 36 d’entre elles sont exposées jusqu’au 8 juin, avant d’être remplacées par 36 autres jusqu’à la fin de l’exposition.

« Surimono »,
MAH Genève, rue Charles-Galland 2, institutions.ville-geneve.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : Escale au Japon

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