Ergy Landau : un talent remis en lumière

Le travail de fond, jusque-là jamais mené, sur son itinéraire et ses archives fait l’objet d’une première exposition et d’une monographie aux éditions Le bec en l’air, qui devraient changer la donne sur une œuvre trop réduite aux portraits d’enfant. Des pans entiers de son itinéraire personnel et artistique se découvrent, riches en photographies oubliées, en archives inédites et en portraits d’Ergy Landau à différentes périodes de sa vie. Les années de jeunesse à Budapest décrivent ainsi une jeune fille née en 1896, dans une famille juive de la bourgeoisie commerçante et intellectuelle aisée, dont l’ouverture du studio, à 23 ans, lui permet de développer un talent de portraitiste et de lier des amitiés durables, en particulier avec László Moholy-Nagy. Mais la politique antisémite du pouvoir la conduira à quitter, en 1923, Budapest pour Paris. Paris, qui, jusqu’à sa mort en 1967, a été le cadre d’une carrière où elle a excellé, autant dans les portraits d’écrivains, d’artistes, de la bourgeoisie, que dans le nu, le reportage ou les expérimentations caractéristiques de la Nouvelle Vision. Presse, publicité ou travail dans son studio du XVIe arrondissement : l’entre-deux-guerres est une période florissante marquée par diverses participations à des expositions phares de l’époque, que ce soit à Paris, en Allemagne ou à New York, expositions que la guerre interrompra. L’après-guerre, la confrontera à une grande précarité financière, bien qu’elle ait poursuivi, jusqu’à ce qu’un accident de bus la laisse handicapée, ses activités, en particulier via l’agence Rapho et ses relations avec les milieux artistiques et littéraires.