Strasbourg (67)

Entrez dans la danse

Palais Rohan et Musée Ungerer Jusqu’au 29 août 2016

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 24 juin 2016 - 307 mots

L’union fait la force. Les musées de Strasbourg ont fait leur cette maxime, en orchestrant une saison axée sur la mutualisation des collections municipales.

Pour l’ouvrir avec panache, encore fallait-il un sujet fédérateur. Celui de la danse macabre s’est rapidement imposé, tant il est bien représenté dans les établissements du réseau, mais aussi dans d’autres institutions de la cité qui leur ont prêté main forte, comme la Bibliothèque nationale et universitaire. Quelques rares prêts ont aussi été consentis par des musées allemands, notamment lorsqu’il s’agissait de jalons absents des collections strasbourgeoises. Toutes les conditions étaient donc réunies pour une exposition réjouissante, et le résultat est à la hauteur. Une centaine de dessins et de gravures composent un parcours copieux, tout en évitant l’écueil d’être répétitif, qui décline les infinies variations du thème, d’Holbein à l’entre-deux-guerres. En osant aussi quelques clins d’œil à la BD et à l’illustration actuelles. La sélection met en exergue les différentes vocations de cette lame de fond iconographique : moralisatrice, politique, fantastique ou encore grotesque pour conjurer la Grande Faucheuse. La persistance de cet imaginaire est accentuée par des téléscopages savoureux, on peut ainsi admirer un même motif interprété par Dürer, Grosz et Winshluss. Tous les maîtres du noir sont au rendez-vous : Doré, Klinger, Kubin ou encore Dix. Mais le circuit ménage aussi de belles découvertes, comme le grinçant Joseph Sattler, l’étonnant Léo Schnug, sans oublier le facétieux Draesner. Cette valse endiablée se poursuit au Musée Tomi Ungerer autour de son célèbre livre Rigor Mortis, version contemporaine et sans concession de la danse macabre. Des dessins, extraits de cet ouvrage, dont certains jamais publiés car jugés trop violents et subversifs, sont accrochés en regard d’œuvres d’artistes contemporains. On peut notamment se délecter de la vision jubilatoire d’Ungerer de la jeune fille et la mort, où le squelette est terrassé par une gironde demoiselle.

Dernière Danse. L’imaginaire macabre dans les arts graphiques

Galerie Heitz-palais Rohan, 2, place du Château ; et Musée Tomi Ungerer, Villa Greiner, 2, avenue de La Marseillaise, Strasbourg (67),www.musees.strasbourg.eu

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : Entrez dans la danse

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