Enfants du siècle des Lumières

L'ŒIL

Le 1 mai 2003 - 356 mots

Le premier mérite de cette exposition consacrée au portait d’enfant est de mettre en évidence, par la peinture, l’évolution des mœurs et les idées nouvelles sur l’éducation et la famille entre 1760 et 1800. Cette peinture de la seconde moitié du XVIIIe siècle, sous son aspect innocent et tendre, est un témoignage sociologique important. Seuls quelques-uns des portraits présentés montrent encore l’enfant de manière officielle, mis en scène comme un adulte, dans des tenues codifiées où l’enfant remplit un rôle social préconçu. La majorité des œuvres réunies à Marly en offre un autre visage. Jusqu’à la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’enfant vit peu avec les siens, mis en nourrice dès sa naissance jusqu’à l’âge de trois ans. En famille, il côtoie davantage la gouvernante et son précepteur que ses parents. Dès dix ans, il quitte la maison pour entrer au collège, quelques années plus tard il doit être fiancé. L’éducation des garçons fait l’objet d’une attention particulière ; les filles apprennent la musique, la danse, le chant, tandis que les garçons reçoivent un enseignement complet. La situation commence à évoluer vers 1760, avec une prise de conscience encouragée par les théories de Rousseau (L’Émile) préconisant une éducation assurée par les parents, une politique démographique nataliste – la mortalité infantile est alors très élevée – et, enfin, l’insatisfaction des femmes dans leur rôle social. En peinture, la scène de genre familiale devient à la mode. Les enfants sont représentés de manière spontanée, le style est moins empesé, les vêtements sont ceux de leur âge, les regards et les gestes sont vrais, revendiquant le respect du temps de l’enfance, celui de l’épanouissement et de la liberté. Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun peint des visages d’une grande subtilité où elle introduit le sentiment, en particulier dans l’évocation du rapport mère-fille (Portrait de sa fille Julie). De Greuze à Fragonard, de Drouais à Nattier, entre œuvres de maîtres et mièvreries sucrées, cette exposition dresse de façon pertinente et complète le tableau d’une époque et d’un genre aujourd’hui très daté.

LOUVECIENNES, Musée-promenade, parc de Marly, tél. 01 39 69 06 26, 15 mars-15 juin, cat. Musée-promenade/ L’Inventaire, 183 p., 125 ill., 33,5 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : Enfants du siècle des Lumières

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