Éloge de l’anthroposophie

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 208 mots

Étranger à tous les courants à la mode qui occupaient le terrain de l’art dans les années 50, Joseph Beuys chercha une voie propre. Il la trouva notamment auprès du penseur et pédagogue autrichien Rudolf Steiner (1861-1925), fondateur de l’anthroposophie. Cette conception chrétienne du monde s’inspire en partie de la vision de la nature de Goethe et voit le monde dans une évolution graduelle que l’homme accompagne au cours de ses réincarnations. Elle dérive de la théosophie en s’en écartant, reprochant à celle-ci son antichristianisme et un spiritisme grossier. Lors de ses très nombreuses lectures, Steiner utilisait volontiers le mode du dessin pour étayer ses propos. Cette production graphique constituée pour l’essentiel d’œuvres aux figures géométriques et cosmiques a littéralement fasciné Beuys et opéré chez lui comme modèle. On sait en effet combien l’artiste se plaisait à multiplier au cours de ses conférences toutes sortes de graphiques explicatifs sur ses théories. Aux œuvres de Steiner et de Beuys que l’exposition zurichoise présente, sont judicieusement associées celles, méconnues, de la Suissesse Emma Kunz (1892-1963). Ce rapprochement sert ici l’illustration d’une théorie, dite le « holisme », selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différentes composantes considérées séparément.

ZURICH, Kunsthaus, jusqu’au 1er août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Éloge de l’anthroposophie

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