Destin

Écouen accueille Marie Stuart

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 28 octobre 2008 - 651 mots

Le Musée de la Renaissance consacre une exposition très historique à la jeune reine d’Écosse, décapitée pour trahison.

CHANTILLY – ÉCOUEN (VAL-D’OISE) - Héroïne de Walter Scott ou de Stefan Zweig, la reine d’Écosse Marie Stuart (1542-1587) est un personnage dont la vie tragique a inspiré de nombreux artistes au XIXe siècle. Une exposition du Château d’Écouen, prolongée au Musée Condé de Chantilly par quelques remarquables dessins des anciennes collections du duc d’Aumale, vient rendre hommage à cette figure historique dans le but de « se débarrasser des scories de l’histoire romantique », précise Thierry Crépin-Leblond, directeur du Musée national de la Renaissance. Fille du roi d’Écosse Jacques V Stuart, – donc issue de la branche Tudor – et de la Française Marie de Guise, Marie Stuart est couronnée reine d’Écosse en 1542 quelques jours après sa naissance. Pour la protéger des troubles politiques de son pays, sa mère l’envoie peu après à la cour de France, où l’enfant est élevée parmi la nombreuse progéniture de Henri II et Catherine de Médicis. Sa main est promise à François II, bref roi de France de 1559 à 1560. Grâce à cette union, célébrée en 1558 dans le cadre de fêtes organisées sous la direction artistique du Primatice, Henri II nourrit des prétentions sur le trône d’Angleterre. Outre une clause secrète du contrat de mariage prévoyant le rattachement de l’Écosse à la France en cas de stérilité du mariage, le roi encourage la jeune reine à adjoindre à ses armes celles de l’Angleterre et de l’Irlande, revendiquant ainsi son héritage Tudor.

Iconographie d’une reine
Très historique, cette petite exposition permet de découvrir quelques belles images d’une reine célébrée pour sa beauté dès son plus jeune âge. Ainsi d’un dessin sans idéalisation exécuté par Le Mannier en 1552 (Chantilly, Musée Condé) appartenant à une série consacrée aux enfants royaux commandée par Catherine de Médicis alors qu’ils étaient élevés loin de la cour. Cette dernière tenait en affection la jeune Marie, à qui elle offrit notamment de somptueuses perles, visibles sur la remarquable miniature peinte par François Clouet l’année du mariage (vers 1558, collections royales britanniques). Marie Stuart aurait, par ailleurs, collectionné de nombreux bijoux dont les historiens d’art peinent aujourd’hui à retrouver la trace, à l’exception d’une bague signet comportant les initiales des deux jeunes époux (Londres, British Museum). La jeune reine était aussi réputée pour contrôler soigneusement son image, comme en témoignent camées et médailles, mais aussi les portraits en deuil blanc exécutés d’après un modèle fixé par François Clouet – par opposition à sa belle-mère qui portait le deuil noir. L’un d’entre eux avait été envoyé à sa cousine, la reine Elisabeth d’Angleterre qui la fit décapiter pour trahison en 1587.
Son exécution nourrit le mythe qui séduisit les peintres « troubadours » du XIXe siècle, tels que Révoil ou Dévéria. Sous la Restauration, un parallèle fut même établi dans les milieux royalistes avec le destin tragique de Marie-Antoinette. En 1829, la duchesse de Berry donnait un bal au Pavillon de Marsan, le « Quadrille de Marie Stuart » ayant pour thème l’arrivée de la reine à la cour de France, dont les costumes ont été immortalisés dans une étonnante parure constituée de miniatures sur porcelaine peintes par Eugène Lami (Musée des Arts décoratifs de Bordeaux). Les recherches menées dans le cadre de cette exposition ont été l’occasion de collaborations fructueuses. Une exposition consacrée exclusivement à la figure de Marie Stuart dans la peinture du XIXe siècle est ainsi d’ores et déjà programmée au Musée des beaux-arts de La Rochelle.

MARIE STUART. LE DESTIN FRANÇAIS D’UNE REINE D’ÉCOSSE, jusqu’au 2 février 2009, Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen, 95440 Écouen, Tél. 01 34 38 38 50, www.musee-renaissance.fr, tlj sf mardi 9h30-12h45 et 14h-17h15 ; Musée Condé, Château de Chantilly, 60631 Chantilly, Tél. 03 44 27 31 80, www.domainedechantilly.com, tlj sf mardi, 10h30-17h. Album, éd. RMN, 128 p., 25 euros, ISBN 978-2-7118-5470-7.

MARIE STUART

- Commissaire général : Thierry Crépin-Leblond, directeur du Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
- Commissaire scientifique : Michèle Bimbenet-Privat, conservateur en chef au Musée national de la Renaissance – Château d’Écouen
- Commissaire de l’exposition au Musée Condé, Château de Chantilly : Nicole Garnier, responsable des collections
- Nombre d’œuvres : 137

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : Écouen accueille Marie Stuart

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque