Rétrospective

Tate Britain, Londres Jusqu’au 16 janvier 2011

Eadweard Muybridge, sa vie, son œuvre décomposés

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 30 septembre 2010 - 323 mots

LONDRES

Personnage haut en couleur né à Kingston (Angleterre), Eadweard Muybridge (1830-1904) est certainement l’un des pionniers les plus inventifs de l’histoire de la photographie et du cinématographe.

La rétrospective chronologique de la Tate Britain, réunissant environ cent cinquante œuvres, apporte un éclairage exhaustif sur un parcours peu connu en Europe. Tôt émigré aux États Unis, Muybridge s’installe comme photographe à San Francisco. Ses paysages urbains et ses portraits sont rapidement prisés des élites californiennes. « Reporter », il réalise des clichés sur la guerre des Modocs. En 1872, sa rencontre avec Leland Stanford, fondateur de l’université éponyme, propriétaire de chevaux de course, ancien gouverneur de la Californie, infléchit son destin. Stanford lui propose de résoudre une énigme : existe-t-il un instant où aucun sabot d’un cheval au galop ne touche le sol, chose impossible à voir à l’œil nu ? Un dramatique événement interrompt ses expériences chronophotographiques : il tue l’amant de sa femme. Jugé, acquitté, il gagne le Guatemala puis Panama. De retour en Californie, le photographe réalise en 1877 un étonnant panorama à 360° de San Francisco. En 1878, il parvient à prendre les premiers clichés d’un cheval au galop, prouvant qu’effectivement, pendant un court instant, aucun sabot ne touche le sol. Ces photos sur plaques de verre recouvertes de collodion humide, prises par vingt-quatre appareils à déclenchement automatique disposés le long de la piste, connaissent un grand retentissement. 

En 1879, Muybridge met au point le zoopraxiscope, un projecteur qui donne l’illusion du mouvement par une vision rapide de ses phases successives. Avec un nouveau procédé à la gélatine sèche, il débute en 1884 un vaste travail de décomposition des mouvements de tous les êtres vivants, femmes et hommes souvent nus, éléphants, chameaux, kangourous, lions et panthères, chats, chiens, oiseaux… Près de vingt mille planches sont publiées en 1887 dans Animal Locomotion, un ouvrage en onze volumes.

« Eadweard Muybridge », Tate Britain, Milbank, Londres (Grande-Bretagne), www.tate.org.uk, jusqu’au 16 janvier 2011.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : Eadweard Muybridge, sa vie, son œuvre décomposés

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