Duyckaerts, de la pluralité des discours

L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 238 mots

Depuis le milieu des années 60, les discours sur les productions plastiques tenus par les historiens, les critiques et les artistes qui empruntent leurs notions et concepts aux sciences humaines – principalement psychanalyse, sémiologie, philosophie – se sont progressivement intégrés au « monde de l’art » presque naturellement. Cela semble une évidence, un outillage intellectuel dont on ne peut plus se passer pour parler de telle démarche esthétique. Dans ses vidéos-performances improvisées, avec un aplomb et un sérieux à toute épreuve, Duyckaerts détourne les divers jargons des mathématiciens, des médecins, des anthropologues, des logiciens, des philosophes, dont il émaille ses propres discours qui peuvent traiter ou non directement de l’art, et spécule sur des sujets forts ardus, traités avec une rigueur exemplaire. Mais plus on l’écoute, plus on se rend compte qu’« il y a comme un défaut », une ironie sous-jacente, laquelle se raccroche pourtant aussitôt à des éléments raisonnables. L’inflation verbale de l’orateur Duyckaerts peut aussi prendre corps dans des installations, situées elles aussi entre la pataphysique et la démonstration irrécusable, comme on pourra le voir dans cette exposition monographique d’une dizaine d’œuvres. À partir de cette méthode mi-sérieuse, mi-ludique, outre des pièces anciennes, on pourra découvrir les préoccupations actuelles de l’artiste concernant, entre autres, les rapports picturaux du figuratif et de l’abstrait (Masse sur comptable) ou la combinaison des programmes télévisuels et de l’histoire de l’art (Scènes de genre).

DIJON, FRAC Bourgogne, 19 juin-28 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Duyckaerts, de la pluralité des discours

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque