Du goût et des couleurs

Étonnantes porcelaines au Palais du Louvre

Le Journal des Arts

Le 4 avril 1997 - 438 mots

Aiguillonnée par le succès des productions de Meissen dans toute l’Europe, la manufacture de Sèvres a donné naissance, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, à des chefs-d’œuvre de porcelaine aux formes et aux décors sophistiqués, dont le Louvre présente une centaine d’exemples tirés de sa collection.

PARIS - "Les Français n’aiment pas la porcelaine de Sèvres, du moins celle du XVIIIe siècle", ces quelques mots relevés dans l’introduction du catalogue ne donnent pas tant la clé de l’intitulé énigmatique de l’exposition "Un défi au goût" mais rappellent prosaïquement que les plus belles collections de pièces réalisées au XVIIIe siècle par la manufacture de Sèvres sont… à l’étranger. D’une facture en effet éloignée du goût traditionnel français, les audaces décoratives de la production sévrienne de l’époque méritent pourtant d’être reconsidérées à la lumière de l’exposition organisée par le Louvre. Grâce à une active politique d’acquisition menée ces trente dernières années, le musée est en mesure d’exposer une centaine de vases et de pièces d’ornement, complétés de quelques prêts en provenance de l’étranger. Chaque œuvre révèle avec plus ou moins de bonheur la totale liberté d’invention qui a caractérisé cet âge d’or de la manufacture, aujourd’hui encore propriété de l’État. Œuvrant essentiellement pour le souverain et sa cour, des artistes tels que Jean-Claude Duplessis, Étienne-Maurice Falco­net, Jean-Jacques Bachelier ou Louis-Simon Boizot ont créé en l’espace de quelques décennies une somme de créations assurément au-delà du "bon goût", mais qui n’ont rien perdu de leur pouvoir d’émerveillement pour qui sait s’affranchir des préjugés contem­­porains.

Toujours au palais du Louvre, le Mu­sée des arts décoratifs présente de son côté un panorama de la production de la manufacture de Saint-Cloud, depuis sa création en 1693 jusqu’à sa fermeture définitive en 1766. Des décors caractéristiques en bleu sur fond blanc à ceux imités de la Chine ou du Japon, sans oublier les petites boîtes montées en or ou en argent dont Saint-Cloud s’était fait une spécialité, l’exposition montre les fleurons de la collection du musée, riche de 400 pièces. Elle sera ensuite présentée aux États-Unis et au Japon.

UN DÉFIT AU GOÛT, CHEFS-D’ŒUVRE DE LA MANUFACTURE DE SÈVRES AU XVIIIe SIÈCLE, jusqu’au 23 juin, Musée du Louvre, Aile Richelieu, tlj sauf mardi 9h-17h15, lun. et merc. 9h-21h45, catalogue rédigé par Pierre Ennès, éd. RMN, 144 p., 30 ill. coul., 120 ill. n & b, 200 F.
EN BLEU, EN BLANC ET EN COULEURS, PORCELAINES DE SAINT-CLOUD DE LA COLLECTION DU MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS, du 11 avril au 31 août, Musée des arts décoratifs, palais du Louvre, 111 rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01 44 55 57 50, tlj sauf lundi 12h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°35 du 4 avril 1997, avec le titre suivant : Du goût et des couleurs

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