Double hommage à Courbet

L'ŒIL

Le 1 septembre 2004 - 515 mots

Que ce soit celle de la Loue, rivière de son enfance, ou celle de la mer qu’il découvre au Havre en 1841, l’eau est un élément très présent dans l’œuvre de Gustave Courbet (1819-1877). Tout au long de sa carrière, l’artiste produit nombre de paysages même s’il s’oriente davantage vers une peinture sociale, ancrée dans les réalités de son temps. Mais l’un n’empêche pas l’autre, et en 1853, il peint La Baigneuse, montrant une imposante paysanne sortant de l’eau, une œuvre qui ne correspond pas aux critères du Salon et qui fait scandale. On recense deux types de paysages chez Courbet : d’un côté des vues sombres du pays d’Ornans – où il revient régulièrement –, peuplées de chasseurs, de paysans et d’animaux au bord de ruisseaux et de cascades, de l’autre des scènes inspirées par la Normandie ou la Méditerranée. En 1866, il retrouve Boudin et Monet à Deauville, où il peint des toiles qui annoncent déjà quelques-unes de ses plus célèbres œuvres, La Vague ou les Falaises d’Étretat, produites en 1869. Contrairement à ses camarades, ce ne sont pas les changements atmosphériques ni les tenues de bain des femmes sur la plage qui retiennent son attention de peintre, mais le rendu des matières et du mouvement. La Méditerranée joue aussi un rôle important dans son travail, notamment dans l’éclaircissement de sa palette. Une trentaine de paysages du maître constituent le cœur de l’agréable exposition du musée d’Ornans, qui s’élargit avec la présentation d’une centaine d’œuvres d’autres peintres, composant un vaste panorama sur le thème de l’eau où l’on croise des artistes aussi prestigieux que Monet, Matisse, Gauguin, Braque ou Van Dongen.
D’eau, il s’agit encore au Havre avec « Vagues II », la seconde partie d’une exposition conçue autour de l’acquisition par le musée Malraux d’une version de La Vague (1869) de Courbet. Après un premier volet historique consacré aux paysages de mer du maître et à ceux de ses contemporains présenté au printemps dernier (L’Œil n° 557), celui-ci s’ouvre à la création contemporaine en présentant les travaux de photographes et de vidéastes sur le thème des vagues, en rapport direct ou détourné avec l’œuvre de Courbet. Autour de la Vague photographiée par le Suisse Balthasar Burkhard en 1995 à Étretat – une acquisition du Frac Haute-Normandie, qui coproduit l’exposition – sont rassemblées des œuvres de Sophie Ristelhueber, Guillaume Paris, Nan Goldin, Jean-Claude Bélégou, Roni Horn, Mimmo Jodice, Elina Brotherus ou Arnaud Claass, sans oublier les installations de Thierry Kuntzel, Tacita Dean et Kacha Legrand. Deux expositions très différentes, dans deux villes symboliques – celle où il est né et celle où il a découvert la mer –, pour un double et bel hommage au Courbet peintre de paysages.

« Jeux d’eau… De la source à l’océan », ORNANS (25), musée départemental Gustave Courbet, place Robert Fernier, tél. 03 81 62 23 30, www.museecourbet.org, 19 juin-10 octobre, cat. 174 p., 32 euros. « Vagues 2, hommages et digressions », LE HAVRE (76), musée Malraux, 2 boulevard Clemenceau, tél. 02 35 19 62 62, 26 juin-27 septembre, cat. Somogy, 144 p., 110 ill., 30 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Double hommage à Courbet

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